Cette île musulmane de 6273 km² où 143 920 habitants se déplacent à dos d’âne

À l’extrémité nord du Kenya, sur un archipel baigné par les eaux turquoise de l’océan Indien, Lamu perpétue depuis sept siècles un mode de vie qui défie le temps. Ville sans voitures où 143 920 habitants se déplacent à pied ou à dos d’âne, cette cité swahilie préserve dans ses ruelles étroites l’histoire vivante d’un islam est-africain aux multiples influences. Comment cette petite île, déclarée patrimoine mondial par l’UNESCO en 2001, est-elle devenue un sanctuaire culturel unique où se mêlent traditions bantoues, arabes et persanes?

Une histoire façonnée par l’océan Indien

Fondée au XIIe siècle, Lamu s’est développée comme carrefour commercial entre l’Afrique, la péninsule arabique et l’Asie. Ses 6 273 km² d’archipel ont vu s’épanouir une civilisation swahilie qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas une simple importation arabe mais une création africaine originale. Sous la protection du sultanat d’Oman après 1652, la ville a connu son âge d’or, visible aujourd’hui dans son architecture en pierre corallienne. Le fort de Lamu, imposante structure du XVIIe siècle aux murs blanchis à la chaux, témoigne de cette période prospère où l’influence islamique s’est profondément ancrée.

Un islam est-africain aux multiples visages

Les 23 mosquées de l’île racontent l’histoire d’un islam adapté aux réalités locales. La Riyadha Mosque, fondée en 1892 par Habib Salih, est devenue un centre intellectuel rayonnant dans toute l’Afrique de l’Est. Chaque année, plus de 30 000 pèlerins convergent vers Lamu pour le festival Maulidi célébrant la naissance du Prophète durant le mois de Rabi al-awwal. Les chants accompagnés de tambourins (Habshi Maulidi) et les processions vers le mausolée de Habib Salih illustrent un islam aux pratiques spécifiquement swahilies. Dans les madrassas comme la Riyadha, les élèves apprennent l’arabe et la récitation du Coran, perpétuant un savoir religieux transmis depuis des générations.

L’architecture locale révèle cette synthèse culturelle unique : des maisons aux portes massives sculptées, des cours intérieures (kiwanda) favorisant l’intimité familiale, et ces fameux « wikio » – ponts aériens reliant les étages supérieurs des maisons, permettant aux femmes de se déplacer sans être vues depuis la rue.

Un patrimoine vivant à préserver

À 7 mètres d’altitude moyenne, cette ville aux façades blanches voit son héritage menacé par des projets modernes comme la centrale à charbon évoquée récemment. L’économie locale, traditionnellement basée sur la pêche et l’artisanat, se tourne aujourd’hui vers un tourisme culturel respectueux. Avec ses 65 îles et 130 km de côtes, l’archipel offre aux visiteurs une immersion dans un monde où le temps s’écoule différemment. Les réserves naturelles de Dodori et Kiunga (877 km² au total) complètent ce patrimoine exceptionnel où cohabitent quatre communautés indigènes : Bajuni, Sanye, Aweer et Orma.

La meilleure période pour découvrir la ville côtière du Kenya où traditions swahilies et islam se mêlent s’étend de juillet à octobre, quand les températures oscillent entre 23 et 26°C sous un ciel clément.

FAQ sur Lamu

Comment se rendre à Lamu depuis la France?

Prenez un vol pour Nairobi puis une liaison intérieure vers l’aéroport de Manda (75-324 USD). Traversez ensuite en ferry jusqu’à Lamu Town.

Peut-on visiter Lamu en tant que non-musulman?

Absolument, mais respectez les coutumes locales avec une tenue couvrant épaules et genoux, particulièrement pendant le Ramadan ou lors des visites de mosquées.

Quelle est la spécificité de l’islam pratiqué à Lamu?

L’islam de Lamu intègre des influences soufies et des traditions est-africaines, visible notamment dans les célébrations du Maulidi aux chants et percussions caractéristiques que vous pourriez retrouver dans certaines cités millénaires du Maroc où Rome et l’Islam ont façonné des traditions similaires.

Existe-t-il d’autres exemples d’architecture islamique similaire en Afrique?

Vous pourriez explorer le charme d’une ville côtière de Madagascar, témoin d’un patrimoine islamique contemporain présentant des similitudes architecturales malgré des influences distinctes.

Karim Al-Mansour

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