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Lifestyle

31.07.2018

Cinéma : The Wedding Dress met les superstitions au placard

Toujours embryonnaire, le cinéma saoudien s’est offert une petite réclame lors du premier Festival des cinémas arabes, organisé par l’Institut du monde arabe en juillet à Paris. Au milieu de la sélection de films courts saoudiens présentés au festival s’est distingué The Wedding Dress, du jeune réalisateur Mohammed Salman, une oeuvre profondément esthétique et symbolique.

En marge des œuvres présentées en compétition, le Festival des cinémas arabes, organisé du 28 juin au 7 juillet dernier à l’Institut du monde arabe proposait une sélection hors compétition de films courts saoudien sobrement intitulée “Un regard sur le cinéma saoudien”. Un petit coup de pouce pour une industrie cinématographique naissante après 35 d’interdiction, qui a offert quelques bonnes surprises à l’image de The Wedding Dressde Mohammed Salman.

Un aperçu original de la culture saoudienne

L’histoire est simple et nous transporte au cœur de la tradition saoudienne. Les préparatifs d’un mariage sont le prétexte pour raviver de vieilles superstitions, notamment une légende selon laquelle une couturière ne devrait pas confectionner sa propre robe de mariée, acte qui présage une mort prochaine. Dans ce contexte, une future mariée essaie de convaincre sa mère qu’il s’agit-là de vieilles croyances ridicules. Mais les traditions sont tenaces…

Mohammed Salman, diplômé des Beaux-Arts de la King Saud University de Riyad en 1998, signe avec The Wedding Dress sa troisième oeuvre cinématographique. Artiste aux multiples facettes, également photographe, designer et musicien, il nous plonge dans l’univers peu connu des femmes saoudiennes.

Une plongée inédite

La femme demeure une terra incognita pour la plupart des Saoudiens, qui grandissent et vivent séparés de leurs mères, tantes ou sœurs. Hommes et femmes, mènent des vies distinctes, possèdent leurs propres pratiques sociales et ne partagent que peu de moments. “Je crois vraiment que les femmes saoudiennes ont des passions profondes”, se confesse Mohammed Salman, profondément fasciné et intrigué par ce monde féminin qui lui est inconnu.

Evidemment, ce film lui permet de saisir “l’opportunité de mieux les comprendre” mais aussi de savoir “ce qu’elles aimeraient devenir et ce qu’elles pensent de ce qu’il se passe actuellement”. Cette oeuvre est un prétexte fabuleux pour une envolée poétique autour des relations mères-filles, de la transmission des traditions et de leur transgression par les nouvelles générations. “C’est tout un monde fantasmé”, confie-t-il avec passion.

Un hommage à la nouvelle génération saoudienne qui transgresse les traditions, sans les renier

Quoi de plus symbolique et esthétique que le mariage avec son atmosphère emprunte de tradition pour faire revivre les superstitions. Ces maillons essentiels du patrimoine local se transmettent de génération en génération, rythment et animent le quotidien des civilisations. Ce voyage poétique au cœur du féminin est aussi l’occasion de sublimer les transgressions de la jeunesse saoudienne.

C’est toute une métaphore dans laquelle la robe de la couturière devient un puissant symbole. “Les nouvelles générations ne croient plus aux superstitions des anciennes. Elles ont toujours voulu les changer. C’est ce qui est en train de se passer en Arabie saoudite”, nous explique Mohammed. A travers l’art, cette nouvelle génération “se couvre d’une nouvelle robe plus moderne, pour être comme des citoyens du monde”, poursuit-il. Pour autant, il ne condamne pas les traditions à l’oubli : “C’est une nouvelle robe, mais allons-nous perdre l’ancienne ? Non! Nous portons toujours notre robe authentiquement traditionnelle ainsi que notre culture”, à l’instar de sa couturière, Asmahan, qui décide d’outrepasser la croyance populaire en recouvrant la robe qu’elle s’est confectionnée par une robe achetée au souk… Afin de conserver les apparences. Mais le sourire complice de sa fille montre que la nouvelle génération n’est pas dupe et qu’elle accueille le changement avec enthousiasme !

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