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Société

15.02.2022

Domaine Rmeich, le vin libanais comme remède à la crise

Alors que le Liban traverse ce qui semble être une crise économique, sociale et politique sans fin, une famille du sud du pays tente de faire rayonner le vin libanais dans son propre vignoble de Rmeich, à quelques kilomètres seulement de la frontière israélienne. Un espoir au milieu du chaos ?

Situé à 25 kilomètres de Naqoura, le dernier village du sud du Liban, juste avant la frontière avec Israël, le domaine de Rmeich détonne dans le marasme social et politique du pays. Petit havre de paix loin de la capitale morose, les vignes y reposent à perte de vue, dans un semblant d’éternité.

Sept hectares où sont cultivés des cépages internationaux et libanais. Une aventure familiale que Dany Makhloul, le fils, est bien décidé à placer sur la scène viticole internationale. Et pour cela, la famille a déjà investi 70 000 dollars, afin de développer ce vin qu’ils comptent bien faire rayonner au-delà des frontières locales.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans ce domaine viticole ?

Nous nous sommes lancés en 2017, comme un hobby au départ. C’était en fait un rêve de mon père que de créer sa propre cave dans le pays. Nous avons choisi cette activité car nous travaillions déjà depuis plus de 30 ans dans l’industrie vinicole. Nous importions du vin libanais en Allemagne et en Europe. Aujourd’hui, c’est devenu une entreprise familiale, donc les principaux travailleurs sont moi, mon frère, ma mère et quiconque a un peu de temps pour aider. Nous avons choisi le village de Rmeich parce que nous venons du sud du Liban et que nous y avions déjà des propriétés. Il était donc logique de s’y installer.

 

Comment avez-vous été formé à ce travail spécifique ?

J’ai fait quelques stages dans différents domaines viticoles mais j’ai surtout appris par moi-même, sinon nous avons aussi un expert en œnologie pour nous aider sur place. Nous avons également un restaurant en Allemagne et c’est là que j’ai commencé à apprendre de mon père.

Pouvez-vous nous expliquer les différentes étapes de la fabrication du vin ?

Chaque jour est différent et je peux dire qu’il n’y a pas de routine dans le domaine viticole : nous consacrons généralement 2 à 3 semaines aux vendanges. Le processus d’élaboration d’un bon vin exige que les raisins soient récoltés à un moment précis, de préférence lorsqu’ils sont physiologiquement mûrs. La deuxième étape est celle du foulage et du pressage, pendant laquelle nous travaillons sur les levures et les pressons dans une cuve avec un peu d’eau pour produire le jus. Cependant, la majorité des vignerons effectuent désormais ce processus de foulage de manière mécanique. Une fois les raisins triés en grappes, il est temps de les égrapper et de les écraser. Ce processus de foulage était autrefois effectué avec les pieds. Ensuite, nous laissons la fermentation naturelle se produire. C’est le processus par lequel tout le sucre est converti en alcool et un vin sec est produit. La fermentation peut durer de dix jours à un mois ou plus. Une fois la fermentation terminée, le processus de clarification commence. Il s’agit du processus au cours duquel les tanins, les protéines et les levures mortes sont éliminés du vin. Pour ce faire, le vin est transféré dans des cuves en acier inoxydable ou dans des fûts de chêne. Le filtrage et le collage peuvent également être effectués à ce stade. La dernière étape du processus de fabrication du vin concerne le vieillissement et la mise en bouteille du vin. Après la clarification, le vinificateur a le choix entre mettre le vin en bouteille immédiatement, comme c’est le cas pour le Beaujolais Nouveau, ou lui faire subir un vieillissement supplémentaire, comme c’est le cas pour le Grand Cru Bordeaux et le grand Cabernet Sauvignon de la vallée de Napa. Le vieillissement supplémentaire peut se faire en bouteille, dans des cuves en acier inoxydable ou en céramique, dans de grands ovales en bois ou dans de petits fûts, communément appelés barriques.

Quel type de raisin cultivez-vous à Rmeich ?

Nous cultivons en fait 8 types de raisins différents, du rouge au blanc en passant par le rose. Nous cultivons la Syrah, le cabernet sauvignon, le cabernet franc, le grenache, le sauvignon blanc, le florentino, l’Obaydah…

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?

Ce qui me plaît le plus dans ce métier, c’est la liberté qu’il procure. Vous travaillez 3 à 5 mois et le reste du temps, vous pouvez le passer à parcourir le monde pour vendre votre vin et le faire découvrir à d’autres personnes par avion.

 

Pensez-vous que le vin libanais a beaucoup de potentiel ?

Le vin libanais est présent en Europe depuis 30 à 50 ans, ce n’est pas quelque chose de nouveau pour les gens. Certains vins comme Ixsir, Kefraya ou Ksara existent déjà depuis des années et sont connus dans le monde entier. Les gens oublient parfois que le Liban est l’un des plus anciens pays à produire du vin, avec les Phéniciens de jadis. Donc oui, je pense que le vin libanais a un grand potentiel, même si la situation actuelle du pays rend le travail plus difficile et affecte les affaires.

Publié le 15 February 2022

#Liban