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Société

24.11.2020

Faiza Haider : “l’impossible n’est rien pour moi”

À 36 ans, Faiza Haider devient la première femme arabe à entraîner une équipe nationale de football masculine dans son pays. Un exploit pour celle qui a ouvert la voie à toute une génération de jeunes femmes rêvant de ballon rond en Égypte.

Faiza Heider a grandi en Haute-Égypte, une région agricole du sud de l’Égypte assez sous-développée. Très jeune, elle déménage au Caire avec sa famille et s’installe à Helwan, un quartier du sud du Caire où elle commence à jouer au football dans les rues avec les jeunes garçons de son voisinage.

Depuis, elle a parcouru un long chemin et réussi à transformer son rêve d’enfant en une carrière professionnelle. D’abord en rejoignant un club de football, puis en faisant partie de la première équipe nationale féminine, jusqu’à devenir aujourd’hui la première femme à entraîner une équipe masculine de football avec le Ideal Gold de Gizeh.

Comment avez-vous commencé à jouer au football ? Et comment cela a été accueilli par votre entourage ?

J’ai commencé à jouer au football dans mon quartier. À l’époque, j’étais la seule fille à jouer dans la rue au milieu de nombreux garçons, et les gens pensaient que ce n’était pas la bonne chose à faire pour une jeune fille. J’ai été exposée à beaucoup d’intimidation parce que la perspective d’une femme jouant au football n’était pas très courante à l’époque. Mais un jour, alors que j’accompagnais mon frère à son entraînement de football, j’ai rencontré un entraîneur qui était convaincu par mon talent et m’a demandé de rejoindre l’équipe masculine. Ensemble, nous avons gagné beaucoup de matchs et j’ai ensuite rejoint l’équipe féminine de Halwan, puis la première ligue professionnelle féminine en 1997.

Qu’est-ce qui a amené votre carrière au niveau plus professionnel ?

Un tournant pour moi a été mon transfert du club de Helwan au club Al Tayaran. C’était le premier contrat de ce type pour une joueuse professionnelle et ce fut un tournant financier pour moi car mon club prenait tout en charge, de la nutrition à l’entraînement, ce qui a eu un impact énorme sur ma carrière et mes performances. Pour devenir joueuse professionnelle, vous devez suivre un plan nutritionnel spécifique pour améliorer vos capacités et je n’aurais pas pu me le permettre autrement.

Quels ont été les obstacles que vous avez dû surmonter pour poursuivre votre rêve ?

Ma mère était le plus grand obstacle car j’étais très jeune quand j’ai dû prendre des décisions importantes pour ma vie, et je n’aurais pas pu le faire sans son approbation. Quand j’ai commencé à jouer dans mon quartier, nous vivions dans une communauté très conservatrice et elle avait peur de la réaction des gens face à une fille qui joue avec les garçons dans la rue. Lorsque l’entraîneur de ma communauté m’a demandé de rejoindre son équipe, il a dû se rendre chez nous pour la convaincre de me laisser continuer. Mon père était mort à ce moment-là et il a dit qu’il allait être comme un père pour moi et me protéger. Quand j’ai dû rejoindre l’équipe nationale, ma mère n’a pas accepté parce que cela m’obligeait à beaucoup voyager et parfois à dormir à l’extérieur avec l’équipe. Heureusement, la mère d’une de mes co-équipières lui a promis de venir tous les deux jours pour voir comment j’allais et qu’elle l’appellerait avec son téléphone portable pour lui donner des nouvelles (à l’époque, nous n’avions même pas de ligne fixe). Nous avons donc finalement réussi à surmonter tous ces obstacles humains et matériels.

Le mois dernier, vous êtes devenue la première femme à entraîner une équipe nationale masculine de football. Quel est le plus difficile ?

Mon plus grand défi est de convaincre les joueurs de faire confiance à une femme. L’un d’entre eux m’a confié qu’il était convaincu que je ne pourrais pas être accepté par l’équipe, même si j’avais les compétences nécessaires. Mais après plusieurs séances d’entraînement, il a changé d’avis et a commencé à voir que je les aidais à améliorer leurs compétences. J’essaie aussi de briser la glace en faisant part de leur vie et de leur communauté, pas seulement sur le terrain mais aussi à l’extérieur, j’essaie de partager des déjeuners avec eux, de participer à des événements importants comme les mariages, célébrations

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Quelles leçons avez-vous tirées de vos expériences passées durant votre carrière ?

J’ai appris que l’impossible n’est rien pour moi et que les nouveaux défis me permettent de continuer. J’ai rencontré beaucoup d’obstacles dans ma vie, mais j’ai toujours réussi à les surmonter: Les gens ne voulaient pas que je joue dans la rue et je l’ai fait, ils ne pensaient pas que je jouerais dans un club et je l’ai fait, ils ne pensaient pas que je serais joueuse professionnelle et j’ai rejoint l’équipe nationale féminine. Je pense que ma génération a ouvert la voie à de nombreuses femmes dans le domaine du football et qu’aujourd’hui les parents sont convaincus que leurs filles peuvent faire carrière dans ce sport, ce qui n’était pas très courant à mon époque.

Quelles sont vos meilleures réalisations aujourd’hui ?

Je fais partie du programme Premium skills, une initiative du British Council qui permet aux entraîneurs de soutenir des projets éducatifs et de cohésion sociale basés sur le football. Après les avoir rejoints, j’ai co-créé avec un autre éducateur, une équipe de joueuses de football unifiée comprenant également des joueuses avec des besoins spéciaux. Je suis très fière d’avoir praticité à la création de cette équipe et d’avoir montré que le football peut être un outil d’inclusion et de développement de la communauté.

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Publié le 24 November 2020

#Egypte