This website requires JavaScript.

Partager

Société

23.08.2018

L’abaya active défie les normes vestimentaires saoudiennes

Sous l’impulsion de créatrices comme Baraah Alluhaidan, les Saoudiennes réinventent peu à peu l’abaya. Faute de pouvoir complètement s’en débarrasser, elles la modernisent pour l’adapter à leurs nouveaux modes de vie plus sportifs, plus actifs… voire hyperactifs !

A l’heure où, pour la première fois, les ventes de jeans dans le monde diminuent au profit du jogging, une tendance similaire pourrait bien être en train de naître en Arabie saoudite. De jeunes sportives et créatrices de mode mettent leurs talents à contribution pour permettre aux femmes de se libérer du joug de leur tenue traditionnelle et de pratiquer leur sport favori, tout en gardant une apparence décente.

Une révolution qui arrive à toute allure

Des photos de ces femmes courant ou faisant du vélo dans une abaya ont inondé récemment les réseaux sociaux. Si elles ont marqué l’opinion générale avec des messages tantôt de soutien, et tantôt de désapprobation, d’ailleurs plus nombreux dans le royaume, c’est que leur tenue était très peu conventionnelle. D’abord parce qu’elles portaient des abayas sportives”, spécialement taillées pour faciliter la pratique du sport, ensuite parce que ces robes traditionnellement noires étaient ici colorées dans des tons pistache, bleu ciel, ou rose, plus adaptés au climat extrême du pays, ainsi qu’aux tendances estivales ! Un affront porté au vieux dicton bien connu dans le pays qui dit que “si ce n’est pas noir, ce n’est pas une abaya”.

Ces nouvelles abayas sportives ont commencé à apparaître d’abord très discrètement, il y a environ une dizaine d’années. Baraah Alluhuaidan, était aux premiers rangs de ces pionnières en fondant son entreprise Spokes Hub, la seule boutique de cyclisme pour femmes dans le royaume, et qui anime aujourd’hui toute une communauté de jeunes défendant l’égalité des sexes. D’une vivacité débordante, elle raconte : “Tout a démarré lorsque j’ai commencé à utiliser mon vélo pour faire la navette entre ma maison et le gymnase.” Il faut dire qu’avec l’interdiction de conduire une voiture, cette coach sportif professionnel n’avait pas d’autres moyens de se rendre sur son lieu de travail. Mais, même avec un vélo, rien n’était gagné. “C’est un fait que l’abaya se retrouve souvent coincée dans la chaîne du vélo et parfois dans ses vitesses, explique-t-elle, C’était comme un rêve pour moi. Mais d’autres personnes étaient contre cela. Tous mes amis disaient: “Imagine-toi sur un vélo avec l’abaya. C’est impossible !

À lire aussi

La folle histoire de Sotra, la marque saoudienne d’abayas fashion

A l’instar d’Eman Joharjy, créatrice de mode aujourd’hui très connue pour ses collections d’abayas sportives, toutes ont commencé par arranger, de manière artisanale, leur abaya pour leurs propres activités quotidiennes. Et d’abaya sportive à abaya active, il n’y eut qu’un pas, explique Baraah : “Je devais trouver une solution. J’ai donc développé quelques modèles. Cela n’a pas été facile mais aujourd’hui, j’ai un modèle complet d’une abaya pour cycliste qui s’est transformé en abaya “active”.

 

Libérer les femmes des carcans de la tradition tout en la respectant

Autrefois symbole de rébellion, revêtir une abaya colorée ou sportive est aujourd’hui devenu tendance. Une preuve que les choses avancent progressivement, dans ce pays où l’abaya est profondément ancrée dans l’identité et la culture. A mesure que l’activité physique ou professionnelle et que la mobilité des femmes gagnent du terrain, les pratiques et les mentalités évoluent aussi. Ces avant-gardistes ont pressenti le besoin grandissant d’offrir à plus de femmes l’opportunité de se mouvoir, et elles se sont lancées avec succès. “Toutes les femmes saoudiennes peuvent la porter dans leur quotidien. Et, Dieu merci, j’ai été nominée pour présenter ma création à la Saudi Design Week 2017”, raconte Baraah les yeux pétillants. Et elles y mettent beaucoup d’énergie: “Je suis une hyperactive. Et j’aime transmettre cet état d’esprit autour de moi. Surtout aux femmes qui font face, ici, à quelques obstacles : la culture et… Je ne veux pas parler de religion, mais certaines personnes la considèrent comme une barrière, si vous voyez ce que je veux dire. Donc, j’essaie simplement de rendre le sport plus accessible.

À lire aussi

Baraah Aluhaidan, l’abaya de demain

 

Publié le 23 August 2018