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Société

10.03.2020

Niswa, première plateforme en Arabe pour éduquer les femmes à la sexualité et à la fertilité

Dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme, l’Institut du Monde Arabe a invité des activistes issues du Moyen-Orient pour parler de l’état du féminisme et des révolutions dans la région. Parmi elles, Zainab Al Radhi, jeune entrepreneure saoudienne et créatrice de Niswa: une plateforme en ligne pour aider les femmes à mieux comprendre leur fertilité.

À seulement 25 ans, Zainab Al Radhi est bien déterminée à combler le manque d’éducation relatif à la sexualité et à la fertilité des femmes dans le monde arabe. Née dans la petite ville de Qatif, située à l’Est de l’Arabie Saoudite non loin de Bahreïn, elle part s’installer aux Etats-Unis à sa majorité pour faire ses études. Elle passe une licence en sciences de la santé à l’Université du Michigan et commence à s’intéresser à l’impact des méthodes de contraception sur le corps féminin et sur l’environnement.

 

 

À la même époque, elle découvre par hasard sur Internet des méthodes pour mieux contrôler sa fertilité. Mais la jeune scientifique reçoit vraiment la révélation lorsqu’elle découvre le bestseller de la conférencière et écrivaine Toni Weschler, “Taking care of your fertility” , ouvrage de référence sur le sujet depuis plus de 20 ans. À cela s’ajoute aussi le travail de Megan Macnamara, figure du mouvement des techniques de contrôle de sa fertilité (FAM en anglais pour Fertility Awareness Methods) qui est également sa formatrice.

 

Quelle était l’idée derrière Niswa?

J’ai grandi en Arabie Saoudite où les filles de ma génération manquaient cruellement d’éducation autour de la puberté et de littérature sur le corps féminin. Lorsque j’ai eu mes règles à 11 ans, je n’ai rien compris à ce qui se passait car on ne nous en avait pas parlé à l’école et que dans le cercle familial ou social, ce sujet reste encore assez tabou dans la plupart des pays arabes. J’ai donc évolué avec ce corps que je considérais comme un territoire étranger, et dans lequel je n’étais pas à l’aise. Pendant mes études, je me suis intéressée aux techniques de contraceptions écologiques, et c’est ainsi que j’ai découvert des méthodes naturelles de contrôle de fertilité. Niswa est un mot arabe qui parle d’un groupe de femmes. L’idée est donc de créer un collectif où les femmes se sentent moins seules et peuvent partager car je crois en l’importance de la sororité. C’est aussi une plateforme en ligne multimédia bilingue qui permet aux femmes de se réapproprier leur corps et leur fertilité à travers une encyclopédie scientifique. Notre but, c’est vraiment de faire réaliser aux jeunes filles ce merveilleux pouvoir féminin, en leur fournissant des options de contraception alternatives à celles que cherchent à leur vendre ou promouvoir les docteurs, entreprises pharmaceutiques ou autres institutions religieuses.

 

 

Quels services la plateforme fournit-elle?

Je propose un cours en ligne de 5 semaines, dont le but est de sensibiliser aux méthodes naturelles de contrôle de la fertilité. J’y transmets un ensemble de connaissances qui permettent aux élèves de mieux lire leurs corps et d’identifier leurs cycles de fertilité, mais aussi différentes techniques de contrôle de fertilité comme la position du col de l’utérus, les tests hormonaux ou encore la prise de température. Le corps est une base de donnée en direct qui nous permet de savoir, mieux que quiconque, ce qui se passe à l’intérieur de nous. Pour une femme, s’emparer de ce corps est une manière fantastique de devenir plus productive en connaissant ses forces et ses faiblesses selon ses cycles. Si, évidemment, ces techniques ne se substituent pas au recours à un gynécologue quand il est vraiment requis, elles permettent en tout cas aux femmes d’acquérir un savoir de base sur leur corps qu’elles devraient toutes avoir. 

 

 

Quel est le profil de vos élèves?

Il s’agit de femmes qui ont entre 18 et 35 ans, et résident majoritairement dans les pays arabes. S’il m’arrive d’organiser des ateliers dans des municipalités locales aux Etats-Unis, la plupart de mes clientes habitent dans les pays du Golfe, en Arabie Saoudite ou en Palestine. Ce qui est normal puisque j’enseigne ce cours en arabe, bien qu’initialement j’étais plus à l’aise avec l’anglais pour parler de ces sujets car je sens qu’il y a plus d’acceptation et moins de jugement avec cette langue. C’est d’ailleurs la même raison qui m’a convaincue que favoriser l’accès à ce type d’informations est fondamental dans cette région. J’ai donc créé cette formation à partir de zéro, car je suis la première et la seule à la proposer ce type de cours dans le monde arabe aujourd’hui.

 

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