Sharjah, nouvel hub pour artistes

Porté par un émir passionné, cet émirat plutôt conservateur cultive depuis sa création une position unique sur la scène culturelle locale: à la fois gardien du patrimoine traditionnel arabe et vitrine de la scène contemporaine émergente. Une oeuvre débutée il y a trente ans, et qui continue de placer Sharjah comme un hub créatif régional majeur.

Au carrefour des arts traditionnels et de la scène contemporaine

Ancien port de pêche situé à la jonction du Golfe Persique et d’Oman, Sharjah est vieux de plus de 5000 ans. Dans les années 70, alors que l’ensemble de la région découvre l’or noir, son émir Sultan bin Muhammad Al-Qassimi préfère se concentrer sur le rayonnement culturel de la ville. Amateur d’art et d’histoire (il possède un doctorat d’histoire de l’université d’Exeter et a écrit plusieurs pièces de théâtre), il participe au financement de la Société Émirati des Beaux-Arts, et fonde le Salon du Livre international. Mais c’est au début des années 90 qu’il débute sa grande “révolution” culturelle avec la construction d’une vingtaine de musées destinés à préserver le patrimoine de la ville dans divers domaines comme la calligraphie, l’archéologie, les arts, les civilisations islamiques, ou encore l’aviation. Au delà de la préservation de l’héritage historique de la ville, il tourne aussi son regarde vers l’avenir et créé deux événements majeurs pour promouvoir l’art local sur la scène mondiale: la célèbre Biennale de Sharjah (1993) et le festival des lumières (2010). Des initiatives qui lui rapportent les titres de capitale culturelle du monde arabe par l’UNESCO en 1998, et des arts islamiques lors de la Conférence des Pays Islamiques à Baku en 2014. Aujourd’hui, un certain nombre d’espaces culturels poursuivent cette mission culturelle de l’émirat. Cap sur trois d’entre elles :

Maraya Art Centre

Fondé en 2006, cet incubateur artistique déniche et soutient les talents de la région. Il propose un programme de résidence annuel aux artistes émergents, et organise régulièrement des expositions temporaires, comme Islamopolitan qui interroge les liens entre Islam et design ou encore Raw Data de l’artiste Emirati Mohammed Kazem. Le centre artistique Maraya collabore également avec des artistes internationaux comme le franco-tunisien L Seed ou le peintre irakien Marwan Shakarchi qui ont été invités à revisiter des lieux emblématiques de la ville en ajoutant leur patte artistique. La graphiste née aux EAU, Zena Adhemi, a réinventé la police de Smile you are in Sharjah, souriez vous êtes à Sharjah, une phrase iconique de la ville.

Fondation Barjeel,

Fondée en 2010 par le sultan Sooud Al-Qassemi, la fondation Barjeel avait pour mission de soutenir le développement intellectuel de la scène artistique régionale. Elle est aujourd’hui devenue la source d’information de référence en matière d’art arabe contemporain. Sa mission est d’éclairer le grand public sur la diversité du monde arabe, au delà des frontières de culture et de géographie. Un objectif largement atteint par la construction d’une collection publique d’environ 1300 œuvres, qu’elle met régulièrement à disposition d’institutions étrangères afin de partager la richesse créative moderne arabe. Récemment elle a d’ailleurs prêté une centaine d’œuvres issues de sa collection à L’Institut du Monde Arabe (IMA) dans le cadre de son exposition « 100 chefs d’oeuvre de l’art moderne et contemporain ».

Fondation artistique de Sharjah

Située dans le quartier historique de la ville, la fondation artistique de Sharjah (SAF) agit depuis sa création (en 2009) comme un catalyseur d’échanges artistiques au Moyen-Orient et dans le Golfe. Présidée par la fille du souverain de l’émirat, Hoor El Qasimi, elle doit assurer la continuité historique de la Biennale de Sharjah. Parallèlement à la Biennale, elle met en place une série des événements comme des projections, concerts, discussions, mais aussi des performances. Elle s’est récemment dotée de nouveaux espaces multi-fonctionnels d’environ 20000 mètres carrés. Une rénovation qui s’inscrit dans un projet de développement urbain, comprenant une succession d’espaces intérieurs et extérieurs, abrités au sein d’anciennes maisons traditionnelles Emirati.