Ce ksar saharien où 120 familles ont vécu jusqu’en 1991 dans des maisons en terre

# Taghit : Entre sables éternels et mémoire gravée dans la pierre

Les premières lueurs de l’aube caressent les dunes dorées qui encerclent Taghit comme une mer figée dans le temps. Cette oasis du Sahara algérien offre l’un des plus saisissants contrastes naturels : d’un côté, une palmeraie luxuriante s’étirant sur plus de 20 kilomètres le long de l’oued Zousfana, de l’autre, les dunes majestueuses du Grand Erg Occidental qui s’élancent vers l’horizon. Entre les deux, le ksar millénaire se dresse sur son promontoire rocheux, gardien silencieux d’une histoire riche et méconnue.

Un village entre deux mondes

Niché dans la wilaya de Béchar, à 97 km au sud-est de la ville éponyme, Taghit n’est pas qu’une simple étape sur la route du Sahara. Cette commune de 8 080 km² abrite un trésor architectural exceptionnel : un ksar construit au XIe siècle par les saints Sid Slimane et Merabet Sid Ahmed, venus respectivement d’Oued Sahel et de Séguia El Hamra. Ce village fortifié comptait autrefois 120 maisons, toutes bâties en mottes de terre mélangées à la paille – une technique ancestrale offrant une isolation thermique remarquable.

Fait surprenant : la dernière famille a quitté ce ksar millénaire seulement en 1991, marquant la fin d’une continuité d’occupation humaine exceptionnelle. Aujourd’hui, ce labyrinthe de ruelles étroites et ombragées témoigne d’un savoir-faire architectural parfaitement adapté aux rigueurs du climat saharien, où les températures peuvent dépasser 40°C en été et descendre sous 0°C lors des nuits hivernales.

Gravures millénaires et patrimoine préservé

La région de Taghit constitue un véritable musée à ciel ouvert. Une zone protégée de 500 hectares abrite des stations de gravures rupestres néolithiques, témoignant d’une présence humaine remontant à la préhistoire. Ces œuvres, menacées par le vandalisme, ont bénéficié depuis 2013 d’une prise de conscience et d’efforts de réhabilitation significatifs.

L’histoire plus récente a également marqué ces lieux. En 1903, la célèbre Bataille de Taghit opposa 4 000 combattants Zayanes aux forces coloniales françaises – un événement qui résonne encore dans la mémoire collective algérienne. Aujourd’hui, les traditions culturelles et artisanales perdurent, bien qu’elles soient moins documentées que dans d’autres régions du Maghreb.

L’expérience Taghit : entre contemplation et immersion

Visiter Taghit aujourd’hui, c’est s’offrir une expérience sensorielle unique. Au lever du jour, quand le soleil embrase les dunes d’une lumière dorée, le photographe amateur comme le professionnel trouveront matière à émerveilllement. Les contrastes entre l’ocre des sables, le vert profond des palmiers et le bleu intense du ciel créent des tableaux naturels d’une beauté saisissante.

Pour une immersion authentique, rien ne vaut une exploration du ksar, suivie d’une déambulation dans la palmeraie où les jardiniers perpétuent des techniques d’irrigation millénaires. Les amateurs d’aventure pourront s’essayer aux excursions en quad, tandis que les passionnés de traditions apprécieront les dîners de méchoui organisés en bivouac sous les étoiles du désert.

Informations pratiques (juin 2025)

En ce début d’été 2025, Taghit s’apprête à affronter les fortes chaleurs sahariennes. Pour une visite confortable, privilégiez les sorties matinales (6h-10h) et en fin d’après-midi (après 17h). L’hébergement se répartit entre quelques hôtels simples comme le Bordj Taghit ou la Résidence Loubana Taghit, avec des taux d’occupation atteignant 50% en haute saison.

L’accès se fait principalement par route depuis Béchar, d’où la nécessité de louer un véhicule ou de rejoindre un circuit organisé. Prévoyez suffisamment d’eau, une protection solaire efficace et des vêtements légers mais couvrants, par respect pour les coutumes locales et pour vous protéger du soleil. Le dinar algérien étant la monnaie en cours, prévoyez du liquide car les distributeurs sont rares dans la région.

Pour les amateurs d’architecture islamique et de patrimoine, ne manquez pas d’explorer le contraste entre les techniques de construction traditionnelles du ksar et les influences modernes visibles dans le village actuel.

FAQ sur Taghit

Quelle est la meilleure période pour visiter Taghit?

Les mois d’octobre à avril offrent les températures les plus clémentes. Évitez l’été où le thermomètre peut dépasser 45°C.

Peut-on voir les gravures rupestres sans guide?

Il est fortement recommandé d’engager un guide local pour accéder aux sites de gravures rupestres, à la fois pour des raisons de conservation et pour bénéficier d’explications éclairées.

Combien de temps faut-il prévoir pour découvrir Taghit?

Un minimum de deux jours est nécessaire pour apprécier l’essentiel, mais trois à quatre jours permettent une immersion plus profonde dans le rythme de vie oasien.

Karim Al-Mansour

populaires

1
2
3

Lire aussi