Ce port algérien où 400 navires exportaient 370 000 tonnes de fer en 1882

Entre mer et montagnes, Béni Saf se dévoile comme un joyau méconnu de la côte algérienne.

Cette ville portuaire née des entrailles de la terre offre un contraste saisissant entre son histoire minière et ses criques préservées.

À 80 km au sud-ouest d’Oran, ce havre de paix révèle un patrimoine unique où se mêlent influences méditerranéennes et traditions locales. Comment une cité façonnée par l’exploitation du fer est-elle devenue ce refuge où le temps semble suspendu entre falaises et eaux turquoise?

Une histoire forgée dans le fer

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Fondée officiellement en 1876, Béni Saf doit sa naissance à la découverte de riches gisements de minerai de fer en 1865.

Avant même cette date, en 1835, une garnison française s’établissait sur l’île Rachgoun pour contrer l’influence anglaise, témoignant de l’importance stratégique de cette côte.

La ville connut un essor fulgurant avec sa société minière qui, dès 1882, expédiait près de 370 000 tonnes de minerai sur plus de 400 navires et employait un millier d’ouvriers, créant une mosaïque culturelle où se côtoyaient Algériens et Marocains.

Les falaises de la crique de Sidi Boucif gardent encore la mémoire des premiers habitants européens qui s’installèrent dans des habitations troglodytes reliées par des sentiers sinueux, témoignage fascinant d’une adaptation ingénieuse à la topographie locale.

Un écrin naturel entre terre et mer

Béni Saf s’étend sur 61,3 km² à une altitude moyenne de 140 mètres. Avec ses 42 284 habitants recensés en 2008, cette commune de taille modeste possède une identité maritime profondément ancrée. Son port, malgré sa taille réduite, dominait la pêche en Oranie, possédant en 1955 la moitié des chalutiers de toute la région.

Ce phénomène s’explique par les caractéristiques exceptionnelles de sa plateforme continentale, où des eaux peu profondes, ensoleillées et riches en nutriments favorisent une biodiversité marine remarquable. Les forêts de pins d’Alep qui couronnent les collines environnantes offrent un contraste saisissant avec le bleu intense de la Méditerranée, créant des panoramas à couper le souffle pour les randonneurs et photographes.

Entre mémoire et modernité

La ville porte fièrement l’héritage de ses héros, comme les frères Othmani Mohamed et Safi, tombés pendant la guerre d’indépendance dans les rangs de l’ALN. Leur sacrifice illustre l’engagement profond de cette communauté dans l’histoire contemporaine algérienne.

Aujourd’hui, Béni Saf se tourne vers l’avenir en développant un tourisme culturel respectueux de son patrimoine. Les criques sauvages et préservées de Madagh et Beni-Boucif attirent les visiteurs en quête d’authenticité, tandis que la richesse architecturale témoigne des différentes influences qui ont façonné la ville.

La mosquée Sidi Boumediene constitue un point central dans la vie spirituelle locale, avec une fréquentation importante lors des cinq prières quotidiennes.

Si les sources ne mentionnent pas de pratiques religieuses distinctives, la communauté manifeste un attachement profond à son identité culturelle, comme l’a démontré une récente mobilisation pour la reconnaissance officielle du nom d’un lieu de culte local.

Conseils pour le voyageur

La meilleure période pour visiter Béni Saf s’étend d’avril à mi-juin et de fin septembre à octobre, quand le climat méditerranéen offre des températures clémentes. Pour s’y rendre, Tlemcen constitue la ville de transit principale, avec des liaisons régulières vers Béni Saf.

Les amateurs de photographie privilégieront le port de pêche aux premières heures du matin, quand les bateaux colorés rentrent chargés de leur précieuse cargaison. La plage de Rachgoun, où l’Oued Tafna rejoint la mer, offre des couchers de soleil spectaculaires qui rappellent les atmosphères maghrébines traditionnelles.

FAQ sur Béni Saf

Quelles sont les spécialités culinaires de Béni Saf?

La ville est réputée pour ses plats de poissons frais, particulièrement les sardines grillées et le « tchektchouka au poisson », une ratatouille méditerranéenne enrichie des produits de la mer locale.

Existe-t-il des vestiges précoloniaux à Béni Saf?

Bien que la ville moderne date du 19e siècle, la région environnante recèle des traces d’occupations plus anciennes, notamment des vestiges berbères et phéniciens témoignant d’échanges commerciaux millénaires.

Comment se déplacer dans Béni Saf?

La ville étant relativement compacte, la marche reste le meilleur moyen d’exploration. Des taxis collectifs desservent les plages environnantes et les villages voisins pour des excursions à la journée.

Karim Al-Mansour

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