Cette mosquée d’Indonésie où 10 000 fidèles prient sous un dôme de granit

Les eaux turquoise du détroit de Makassar scintillent dans la lumière dorée du matin tandis que le muezzin appelle à la prière depuis la majestueuse mosquée Al-Markaz Al-Islami. Avec ses 10 000 fidèles rassemblés sous son imposante structure de granit, ce monument représente l’âme spirituelle de cette métropole de 1,47 million d’habitants (2023), capitale de Sulawesi du Sud en Indonésie. Comment une ville à 97% musulmane a-t-elle développé une identité islamique aussi unique, fusionnant influences arabes, européennes et traditions bugis locales?

Un carrefour islamique aux multiples héritages

Makassar occupe une position stratégique exceptionnelle entre les îles de Bornéo et Sulawesi. Dès le XVIe siècle, ce port devint central pour le commerce international, attirant marchands arabes, chinois et européens. L’islamisation s’y déroula de façon particulière: plutôt que par conquête, elle fut l’œuvre de commerçants et lettrés itinérants qui intégrèrent progressivement la loi islamique dans les coutumes locales. Cette fusion créa une société où l’islam s’ancra profondément dans tous les aspects de la vie quotidienne.

Le Fort Rotterdam, édifice colonial hollandais construit sur les vestiges d’une forteresse du royaume de Gowa, témoigne de cette histoire complexe. Érigé après la conquête néerlandaise de 1669, il symbolise la résistance locale face aux colonisateurs européens dans une région profondément attachée à ses racines musulmanes.

Trésors architecturaux et manuscrits sacrés

L’architecture religieuse de Makassar révèle un alliage singulier. La Grande Mosquée de Makassar, comme d’autres édifices religieux indonésiens, mêle styles traditionnels locaux, influences arabes, indiennes et européennes. Cette fusion créative produit une identité visuelle unique dans le monde musulman.

La ville abrite également un trésor méconnu: des collections privées de manuscrits islamiques. Ces textes, écrits en arabe, makassar et bugis, constituent une rare fusion d’influences arabes, locales et parfois chinoises. Ces centaines de documents témoignent d’un héritage islamique riche et vivant, préservé à travers les siècles malgré les bouleversements politiques.

Le pèlerinage aux tombes des saints constitue une pratique spirituelle importante. Le mausolée du Sheikh Yusuf Al-Maqassari, figure majeure de l’islam indonésien et héros national, attire chaque année des dizaines de milliers de pèlerins à Sungguminasa, dans la banlieue de Makassar.

Entre tradition et modernité

La juxtaposition entre le vieux Fort Rotterdam et les imposantes mosquées modernes illustre parfaitement le dialogue constant entre histoire coloniale, héritage bugis et foi musulmane contemporaine. Cette dualité se retrouve dans l’architecture de la mosquée Al-Markaz Al-Islami, dont les éléments modernistes côtoient des inspirations traditionnelles.

Makassar, parfois comparée à un « Dubaï de l’archipel » pour son rôle de carrefour commercial et religieux, continue d’attirer voyageurs et pèlerins. Le nombre de visiteurs sur les lieux historiques et religieux connaît une augmentation notable, attirant autant les fidèles que les passionnés d’histoire.

Les mosquées de Makassar, comme ailleurs en Indonésie où motifs islamiques et traditions locales fusionnent, représentent ce subtil équilibre entre identité musulmane et spécificités culturelles indonésiennes.

FAQ sur Makassar

Quand visiter Makassar pour éviter la saison des pluies?

La meilleure période s’étend de juin à septembre, pendant la saison sèche, lorsque les températures oscillent agréablement entre 25°C et 32°C.

La ville est-elle accessible aux non-musulmans?

Absolument. Malgré sa population à 97% musulmane, Makassar accueille tous les visiteurs. Les non-musulmans peuvent visiter les mosquées hors heures de prière en respectant le code vestimentaire.

Quelle est la spécialité culinaire locale?

Le Coto Makassar, une soupe épicée à base de viande de bœuf et d’abats, constitue le plat emblématique de la région, généralement servi avec du riz et des légumes locaux.

Karim Al-Mansour

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