Cette ville algérienne où 190 mosquées retracent 400 000 ans d’histoire

Oran ne se dévoile pas au premier regard. Pourtant, lorsque la lumière méditerranéenne caresse ses façades aux teintes ocre et blanches, cette ville algérienne révèle une richesse historique que peu de visiteurs soupçonnent. Nichée entre mer et montagnes, à 35°41′28″N et 0°38′30″O, Oran porte en elle près de 400 000 ans d’histoire humaine. Comment cette « ville aux lions » a-t-elle traversé les siècles pour devenir la métropole de 609 940 habitants qu’elle est aujourd’hui?

Une histoire millénaire façonnée par multiples influences

Les plus anciennes traces d’occupation humaine dans la région d’Oranie remontent à près de 400 000 ans, faisant de cette zone l’une des plus anciennement habitées du Maghreb. La ville actuelle, elle, fut fondée en 902 par des marins andalous, créant un lien indélébile avec l’Espagne musulmane. Son histoire bascule en 1790 lorsqu’un séisme dévastateur fait 3 000 morts en à peine sept minutes, fragilisant l’occupation espagnole. Deux ans plus tard, le bey Mohamed Ben Othman dit El Kébir libère Oran et réinstalle les communautés juives, marquant une ère de diversité remarquable. L’essor architectural ottoman s’illustre alors par la construction de la mosquée Mohamed-Benothmane-El-Kébir en 1799, un joyau de 1 394 m² témoignant de cette période florissante.

Un patrimoine islamique préservé malgré les bouleversements

Oran abrite aujourd’hui 190 mosquées, un nombre ayant doublé depuis 1975. La Grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis, au style andalou-maghrébin contemporain, peut accueillir jusqu’à 25 000 fidèles. L’héritage ottoman se perpétue à travers la mosquée Hassan Pacha (1792-1796), reconnaissable à son minaret octogonal couvert de faïences. La tradition veut que ses fondations soient aussi profondes que son minaret est haut – témoignage symbolique d’un ancrage spirituel profond. La zaouïa Sidi El-Houari, datant du XIIe siècle et restaurée en 2015, illustre quant à elle l’influence des confréries soufies, notamment l’Alâwiyya, qui prône une interprétation apaisante de l’Islam.

Entre mer azurée et traditions préservées

Pour saisir l’âme d’Oran, dirigez-vous vers le quartier Sidi El Houari aux ruelles étroites pavées. Au petit matin, quand la lumière est encore douce, les façades blanches et les balcons en fer forgé semblent raconter l’histoire de la ville. Pour une perspective unique, le Fort Santa Cruz offre, à l’heure dorée (18h-19h), une vue imprenable sur la ville et la Méditerranée. Ne manquez pas la promenade sur la Corniche face à la mer au coucher du soleil, où les falaises blanches se teintent d’orange. Les amateurs d’authenticité apprécieront le marché El-Hamri, avec ses étals colorés d’épices et ses tissus traditionnels, vibrante illustration du quotidien oranais.

Si vous êtes passionné par le patrimoine préhistorique, sachez que l’urbanisation rapide menace plusieurs sites archéologiques inestimables. Une visite aux ruines romaines de Tlemcen, à 130 km, permet d’appréhender la profondeur historique de cette région qui a vu se succéder civilisations punique, romaine, andalouse, ottomane, espagnole et française.

Préparer votre séjour à Oran

La période idéale pour visiter s’étend d’avril à octobre, avec un climat méditerranéen tempéré (5-17°C en hiver, 31-32°C en été). Prévoyez un passeport valide et vérifiez les conditions de visa selon votre nationalité. La ville est desservie par l’aéroport international Ahmed Ben Bella. Sur place, explorez en taxi ou bus local – le budget reste modéré avec 1 euro équivalant à environ 151 dinars algériens. Pour une expérience culinaire authentique, goûtez au couscous local, aux tajines et aux pâtisseries à base de dattes et de miel.

FAQ sur Oran

Pourquoi Oran est-elle surnommée « la ville aux lions »?

Ce surnom symbolique est rappelé par les lions sculptés gardant la mairie. Il s’agit d’un héritage culturel emblématique repris dans les armoiries de la ville.

Quel événement majeur a marqué l’indépendance à Oran?

Le 5 juillet 1962, jour même de l’indépendance algérienne, Oran fut le théâtre d’un massacre sanglant causant des centaines de victimes civiles dans un contexte de chaos politique.

Que représentent les 88 écoles coraniques d’Oran?

Ces établissements accueillent 10 000 enfants et participent activement à la transmission des valeurs islamiques, avec des concours de récitation du Coran régulièrement organisés pour stimuler l’apprentissage.

Karim Al-Mansour

populaires

1
2
3

Lire aussi

Café Blanc libanais : L’infusion florale qui détrône l’espresso en 3 gorgées

L’huile d’argan : quand la culture marocaine s’exporte chez les géants de la cosmétique