Les façades blanches s’élèvent en gradins sur les flancs escarpés de la colline, percées d’innombrables fenêtres qui brillent comme des yeux curieux sous le soleil albanais. Berat, cette ville de 40 665 habitants nichée à 58 mètres d’altitude sur les rives de l’Osum, incarne un témoignage exceptionnel de coexistence entre islam et christianisme dans les Balkans. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, elle dévoile un visage étonnant de l’héritage ottoman en Europe.
Un joyau architectural façonné par l’histoire musulmane
Connue comme la « ville aux mille fenêtres », Berat présente une architecture ottomane admirablement préservée. Le quartier musulman de Mangalem s’étend au pied de l’imposante forteresse Kala, qui culmine à 187 mètres. Cette citadelle médiévale, reconstruite au XIIIe siècle, abrite encore 24 édifices religieux témoignant des différentes époques. La Mosquée du Sultan (1492), la Mosquée de Plomb (XVIe siècle) et la Mosquée des Célibataires (1828) incarnent l’évolution de l’architecture islamique albanaise au fil des siècles. Leurs minarets élancés se dressent parmi les clochers orthodoxes, illustration parfaite de la cohabitation religieuse qui fait la renommée de Berat.
Sous domination ottomane de 1417 à 1912, la ville a connu un développement culturel unique. Les ruelles pavées et sinueuses du quartier Mangalem conservent encore l’ambiance des villes ottomanes traditionnelles, à l’instar de la médina de Fès aux 9600 ruelles, bien que dans des proportions plus modestes.
Entre rives de l’Osum et mont Tomorr : un cadre naturel exceptionnel
La rivière Osum (161 km) traverse la ville en créant un paysage pittoresque, séparant le quartier musulman de Mangalem du quartier chrétien de Gorica. Le pont Gorica, ouvrage ottoman à sept arches, relie ces deux mondes en offrant une vue spectaculaire sur les maisons traditionnelles étagées. À proximité, le mont Tomorr s’élève majestueusement jusqu’à 2 417 mètres, abritant un parc national aux richesses naturelles exceptionnelles.
La tradition locale de la « xhiro », promenade sociale vespérale où se retrouvent toutes les générations, perpétue l’héritage culturel ottoman, rappelant les pratiques sociales qu’on retrouve dans certains quartiers d’Istanbul où la vie communautaire rythme les soirées.
Un havre de paix interreligieux à découvrir
Pour explorer Berat authentiquement, prévoyez votre visite entre mai et septembre. Le climat méditerranéen offre alors des températures idéales (25°C en moyenne). Commencez par la forteresse Kala au lever du soleil, quand la lumière dorée illumine les 2 500 maisons traditionnelles à flanc de colline. Dans le château, le musée Onufri abrite des icônes byzantines remarquables témoignant de l’influence croisée des arts chrétien et islamique.
À 15 km au sud, le canyon de l’Osum propose une escapade naturelle époustouflante, avec ses parois rocheuses impressionnantes et ses eaux turquoise, idéal pour le rafting entre avril et juin. L’hébergement dans une guesthouse traditionnelle du quartier Mangalem (40-60€/nuit) offre une immersion complète, rappelant l’ambiance des riads climatisés de Marrakech, mais dans un contexte balkanique unique.
FAQ sur Berat
Quelle est la meilleure saison pour visiter Berat?
La période idéale s’étend de mai à septembre, avec un climat sec et ensoleillé. Les températures moyennes oscillent entre 20°C et 25°C, parfaites pour explorer la ville à pied et profiter des panoramas.
Comment les musulmans et chrétiens cohabitent-ils à Berat?
La ville représente un modèle historique de tolérance religieuse, avec mosquées et églises orthodoxes côte à côte. Cette cohabitation pacifique, rare dans les Balkans, se manifeste dans l’architecture et les traditions locales préservées malgré la période communiste athée (1945-1991).
Quels souvenirs authentiques rapporter de Berat?
Privilégiez l’artisanat local comme les textiles tissés à la main, les objets en bois sculpté et les produits gastronomiques (huile d’olive, vin local et miel de montagne). Ces créations perpétuent des savoir-faire séculaires influencés par l’héritage ottoman.
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