Sheikh Hasina : 47 ans au pouvoir d’un Bangladesh en plein essor économique

Sheikh Hasina, figure emblématique de la politique bangladaise, incarne à elle seule l’histoire tumultueuse et la résilience de son pays. Née le 28 septembre 1947 à Tungipara, dans ce qui était alors le Bengale oriental, elle a connu une ascension politique remarquable, devenant l’une des femmes les plus influentes du monde musulman. Son parcours, jalonné de triomphes et de tragédies, offre un aperçu fascinant de l’évolution du Bangladesh depuis son indépendance.

Une jeunesse marquée par la lutte pour l’indépendance

Fille de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh, Sheikh Hasina a grandi dans un environnement profondément politique. Son engagement précoce dans la vie publique s’est manifesté durant ses années universitaires, où elle a activement participé au mouvement de masse de 1969 contre le régime militaire pakistanais. Cette période a façonné sa vision politique et son attachement aux valeurs démocratiques, à l’instar de quatre femmes arabes emblématiques de la littérature qui ont marqué leur époque par leur engagement.

La tragédie a frappé la famille Hasina le 15 août 1975, lorsque son père et la plupart des membres de sa famille ont été assassinés lors d’un coup d’État militaire. Sheikh Hasina et sa sœur cadette, Sheikh Rehana, ont échappé à ce destin tragique car elles se trouvaient en Allemagne de l’Ouest à ce moment-là. Cet événement a profondément marqué sa vie et sa carrière politique future.

Une carrière politique mouvementée

Après six ans d’exil, Sheikh Hasina est revenue au Bangladesh en 1981, élue présidente de la Ligue Awami alors qu’elle était encore à l’étranger. Son retour a marqué le début d’une longue et tumultueuse carrière politique. Elle a dû faire face à plusieurs périodes d’assignation à résidence entre 1982 et 1986, témoignant de la fragilité de la démocratie bangladaise à l’époque.

Sheikh Hasina est devenue Premier ministre pour la première fois en 1996, inaugurant une ère de réformes et de développement pour le Bangladesh. Son mandat a été marqué par des initiatives importantes, notamment la signature d’un traité de partage des eaux avec l’Inde et l’accord de paix des Chittagong Hill Tracts. Ces réalisations ont renforcé la position du Bangladesh sur la scène internationale, rappelant l’importance de la coopération régionale, comme l’illustre par exemple l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 par le Maroc.

Un héritage complexe

Le leadership de Sheikh Hasina a été caractérisé par un mélange de progrès économique et social et de controverses politiques. Sous sa direction, le Bangladesh a connu une croissance économique impressionnante, réduisant considérablement la pauvreté et améliorant les indicateurs de développement humain. Cependant, son gouvernement a également été critiqué pour son autoritarisme et la répression de l’opposition.

L’une des contributions les plus durables de Sheikh Hasina est peut-être son engagement envers la préservation de l’héritage culturel et historique du Bangladesh. Des initiatives telles que le Village culturel Sheikh Hasina à Jamalpur, dédié à l’histoire de la guerre de libération, témoignent de sa volonté de maintenir vivante la mémoire nationale. Cette approche rappelle l’importance du patrimoine culturel dans l’identité d’une nation, comme on peut le voir avec la découverte de Chinguetti, la septième ville sainte de l’Islam en Mauritanie.

Conclusion

Sheikh Hasina reste une figure controversée, admirée par beaucoup pour son leadership et son impact sur le développement du Bangladesh, mais critiquée par d’autres pour son style de gouvernance. Son parcours illustre les défis et les complexités de la gouvernance dans une jeune démocratie. Alors que son mandat s’est terminé en 2024 dans un contexte de protestations et d’allégations de fraude électorale, l’héritage de Sheikh Hasina continuera sans doute à façonner l’avenir politique et social du Bangladesh pour les années à venir.

Karim Al-Mansour