Cette médina de Fès dont les 7000 ruelles abritent 200 fontaines médiévales

Sur les traces de Hassan al-Wazzan, plus connu sous le nom de Léon l’Africain, s’étend un itinéraire fascinant à travers l’Afrique du Nord. Né à Grenade en 1488, ce diplomate et voyageur musulman a tracé un chemin qui, cinq siècles plus tard, continue d’offrir une plongée unique dans l’histoire islamique et l’héritage andalou. Son parcours commence véritablement à Fès, refuge de sa famille après la Reconquista espagnole de 1492, et s’étend jusqu’aux confins du Sahara et de l’Égypte.

Un héritage entre deux mondes

Contraint à l’exil après la chute de Grenade, le jeune Hassan trouve à Fès un foyer intellectuel où il étudie à l’université Al Quaraouiyine, fondée en 859 et considérée comme la plus ancienne du monde encore en activité. Cette médina, aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981, conserve l’essence de ce qu’il a connu : des ruelles sinueuses où 7 000 passages étroits s’entrelacent entre 200 fontaines médiévales.

Après sa formation, Hassan accompagne son oncle en mission diplomatique pour le sultan wattaside du Maroc. Son périple traverse alors les cités marchandes du Maghreb avant d’atteindre l’Égypte puis les royaumes d’Afrique subsaharienne. En 1518, capturé par des pirates chrétiens près de la Sicile, il est offert au pape Léon X qui, impressionné par son érudition, le convertit au christianisme et lui donne son nom latin.

Une géographie humaine et spirituelle

L’œuvre maîtresse de Léon l’Africain, sa Description de l’Afrique rédigée en 1526, divise le continent en quatre régions distinctes : la Barbarie (Afrique du Nord), la Numidie (frange saharienne), la Libye (désert central) et la « Terre des Noirs » (Afrique subsaharienne). Cette cartographie reflète non seulement des réalités géographiques, mais aussi des zones d’influence culturelle et religieuse.

Les carrefours spirituels qu’il décrit continuent d’attirer les voyageurs. À Fès, les sept portes de la médina ouvrent sur 365 mosquées et sanctuaires. La tradition des tombeaux mérinides à Salé, qu’il visita et documenta, témoigne d’une pratique de vénération des saints toujours vivante dans la région. À Alexandrie, cette cité millénaire d’Égypte où 6 millions d’habitants défient aujourd’hui la mer, il observa déjà le dialogue permanent entre traditions islamiques et héritage méditerranéen.

Sur les routes des caravanes

Suivre les pas de Léon l’Africain implique d’emprunter les anciennes routes caravanières. Dès l’adolescence, il accompagne des marchands jusqu’à Tombouctou, alors centre intellectuel où 25 000 étudiants fréquentaient ses madrasas. Ce trajet transsaharien passait par des oasis stratégiques comme ce village du Sahara marocain où 150 mètres de dunes abritent une tradition curative ancestrale.

Ces routes commerciales reliaient également le Maghreb à l’Est méditerranéen. De Tunis, dont il décrivait la médina comme un centre culturel majeur, aux villes égyptiennes, le voyageur parcourait des distances considérables. Dans cette médina de Tunisie où 72 brodeuses perpétuent un art vieux de 12 siècles, l’héritage artisanal qu’il observa perdure encore.

Voyage contemporain, regard historique

Aujourd’hui, voyager sur les traces de Léon l’Africain offre une expérience unique où chaque étape révèle un chapitre de l’histoire islamique. Les sites qu’il a visités et décrits demeurent accessibles, bien que transformés par cinq siècles d’histoire. La médina de Fès accueille chaque année 2 millions de visiteurs, tandis que Tombouctou, malgré les défis sécuritaires, préserve ses manuscrits séculaires.

Le printemps reste la période idéale pour entreprendre ce périple, avec des températures moyennes de 20°C. Les infrastructures modernes facilitent les déplacements, mais certaines régions sahariennes nécessitent une préparation particulière. Un budget quotidien de 50 à 100 euros permet une immersion confortable dans cette géographie tant physique que spirituelle.

FAQ sur les voyages inspirés de Léon l’Africain

Quelles sont les villes incontournables de l’itinéraire de Léon l’Africain?

Fès (Maroc) comme point de départ, Marrakech pour son rôle commercial historique, Tunis et sa médina, Tombouctou (Mali) pour son rayonnement intellectuel, et Alexandrie (Égypte) comme porte vers l’Orient constituent les jalons essentiels de son parcours.

Quelles langues parlait Léon l’Africain?

Il maîtrisait l’arabe, l’espagnol, le berbère, le turc, et plus tard l’italien et le latin, ce qui facilitait ses échanges commerciaux et diplomatiques à travers les différentes régions qu’il traversait.

Comment son œuvre a-t-elle influencé notre vision de l’Afrique?

Sa Description de l’Afrique est restée pendant trois siècles la principale source européenne sur l’Afrique subsaharienne, façonnant profondément les représentations occidentales du continent et servant de référence aux explorateurs et cartographes jusqu’au XIXe siècle.

Karim Al-Mansour

populaires

1
2
3

Lire aussi