Entre mer et montagne, Lattakia trace son histoire millénaire au rythme des vagues méditerranéennes qui caressent ses côtes syriennes. Cette cité portuaire, à 383 786 âmes selon le recensement de 2004, offre un visage singulier où se côtoient 50% de musulmans sunnites, 40% d’alaouites et 10% de chrétiens dans un équilibre fragile. Depuis son altitude modeste de 29 mètres, elle contemple au loin les sommets des montagnes côtières qui culminent à 1 562 mètres au pic Nabi Yunis. Comment cette ville portuaire a-t-elle conservé sa richesse culturelle malgré les bouleversements de l’histoire récente?
Un héritage entre trois civilisations
Fondée sous le nom de Laodicée-ad-Mare par Séleucos Ier vers 300 av. J.-C., Lattakia porte l’empreinte de multiples civilisations. Avant même cette période, la région abritait déjà Ougarit, célèbre cité teinturière du IVe millénaire avant notre ère. La ville passa successivement sous domination romaine, byzantine, puis sous le contrôle des Mamelouks et des Ottomans, qui lui ont légué un patrimoine architectural éclectique. La mosquée Al-Mina, édifiée il y a trois siècles, témoigne de cette période avec ses pierres dorées anciennes et son architecture unique dans le monde islamique selon les spécialistes locaux.
Dans les zones rurales environnantes, la présence alaouite atteint 70% de la population, contre seulement 14% de sunnites et 12% de chrétiens, créant une mosaïque confessionnelle qui façonne l’identité régionale depuis des siècles.
Entre mer et montagne: un microcosme climatique
Lattakia bénéficie d’un climat méditerranéen privilégié, avec des températures oscillant entre 12°C en janvier et 27,5°C en août. Cette douceur climatique a favorisé une agriculture prospère, notamment la culture d’oliviers et d’agrumes qui verdissent les collines environnantes. La région est particulièrement réputée pour ses stations d’altitude comme Kassab et Slenfeh, véritables refuges estivaux où les Syriens viennent chercher la fraîcheur des montagnes quand le thermomètre s’emballe sur la côte.
Le gouvernorat de Lattakia, qui couvre environ la moitié du littoral syrien, abrite des plages préservées comme celle d’Al-Samra, encore méconnue des circuits touristiques internationaux. Ces rivages, entre criques isolées et longues étendues de sable, offrent un contraste saisissant avec les médinas fortifiées d’Afrique du Nord habituellement associées au monde méditerranéen musulman.
Explorations contemporaines
Malgré les tensions qui ont secoué la Syrie, Lattakia conserve son statut de joyau côtier avec la citadelle qui domine la vieille ville et ses ruelles commerçantes. Les villages alentour comme Qardaha, Beit Jannoon et Al-Haffah préservent une architecture traditionnelle en pierre qui résiste au temps. Ces bourgades montagnardes, avec leurs maisons aux toits plats et leurs cultures en terrasses, évoquent par certains aspects d’autres sites millénaires d’Asie où l’homme a façonné son environnement avec patience.
La région abrite également le site archéologique d’Ougarit, où fut découvert l’un des premiers alphabets connus, témoignant d’une richesse intellectuelle précoce dans cette région du monde.
FAQ sur Lattakia
Quand est-il préférable de visiter Lattakia?
Les périodes idéales sont le printemps et l’automne, quand les températures sont douces (18-25°C) et que la végétation est verdoyante. L’été peut être très fréquenté par les touristes locaux fuyant la chaleur des grandes villes syriennes.
La mosquée Al-Mina est-elle comparable à d’autres grandes mosquées du monde musulman?
Contrairement aux imposantes mosquées à dômes, Al-Mina se distingue par son architecture unique utilisant des pierres dorées anciennes. Bien que plus modeste en taille, elle possède une importance historique considérable pour la communauté locale.
Comment la coexistence entre communautés religieuses s’organise-t-elle à Lattakia?
Historiquement connue pour sa diversité religieuse, Lattakia a développé une tradition de cohabitation entre sunnites, alaouites et chrétiens. Cependant, les tensions récentes dans la région ont fragilisé cet équilibre, particulièrement dans les zones rurales où les communautés sont plus homogènes.
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