Comment Napoléon Bonaparte a mis la mode égyptienne à la mode en France

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Avec l’arrivée des soldats Mamelouks en France suite à la campagne d’Égypte, leur style vestimentaire exotique a rapidement été glamourisé dans la société française.

L’un des épisodes les plus marquants de l’histoire égyptienne est la période mamelouke. En arabe, Mamelouk signifie “possédé “. Dans le contexte de l’Égypte et d’une grande partie du monde islamique, les mamelouks sont des soldats, principalement originaires de la région du Caucase et d’Europe de l’Est, qui ont servi sous les sultanats abbassides, fatimides et ayyoubides avant d’avoir une entité indépendante qu’ils contrôlaient directement, connue sous le nom de sultanat des mamelouks. Ce sultanat a été divisé en deux dynasties principales : les Bahriyya Mamelouks d’origine turque (1250-1382) et les Burji Mamelouks d’origine principalement géorgienne et circassienne (1382-1517). Au cours de cette période, les Mamelouks ont conservé une influence significative en Égypte, occupant de hautes fonctions et contribuant au développement culturel et architectural de la région. Malgré la perte du pouvoir à la suite de la conquête ottomane de l’Égypte mamelouke, les Mamelouks sont restés un régiment militaire même pendant la majeure partie de la période de domination ottomane de l’Égypte. Ces mamelouks, formés en Égypte, sont arrivés en France après la campagne d’Égypte de Napoléon. Ils ont été intégrés au régiment personnel de chasseurs à cheval de Napoléon pour la durée de l’empire.

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Les Mamelouks en France

Lorsque l’armée française évacue l’Égypte, ces auxiliaires, préférant l’exil aux répercussions de leur collaboration, émigrent en France et s’installent à Marseille. Quelques-uns sont enrôlés dans l’escadron mamelouk du Premier Consul, puis élevés au rang de la prestigieuse Garde impériale. Raza Roustam, Mamelouk égyptien originaire de Tbilissi, en Géorgie, est un des exemples les plus notables de mamelouk au service de Napoléon. Roustam a été offert à Napoléon en 1799 et est devenu son garde du corps et son valet de chambre, l’accompagnant lors de son retour en France. Le rôle de Roustam allait au-delà de la simple protection ; il participait à diverses fonctions cérémonielles et s’occupait des besoins personnels de Napoléon pendant les campagnes. Le spectacle des mamelouks, dans leurs vêtements orientaux distinctifs, marchant en tête des défilés militaires, a captivé le public français. Leur présence lors d’événements tels que le grand défilé sur la place du Carrousel en 1802 mettait en valeur leurs costumes exotiques et leur comportement singulier, enthousiasmant les Parisiens par la nouveauté et la grandeur de la mode orientale. Cette fascination ne s’est pas limitée aux démonstrations militaires ; les mamelouks sont également devenus un symbole de l’ambition impériale française et de ses prouesses militaires, notamment lors de leur charge contre les forces russes à la bataille d’Austerlitz.

Les “Lettres d’un Mameluck” de Joseph Lavallée, datant de 1803, critiquent avec humour l’utilisation des thèmes mamelouks dans la mode et le théâtre à des fins commerciales, bien que Lavallée ait lui-même bénéficié de cette tendance rentable. La lettre dit : “La veille de mon arrivée, [les femmes françaises] étaient toutes habillées comme on l’était il y a 3 000 ans. J’arrive : tout à coup elles sont à la mamelouke, et les librairies n’ont plus assez de Norden ou de Volney. Mais comme ces femmes n’avaient jamais vu de femmes mameloukes, et que j’étais la poupée qui servait de patronne à cette nouvelle folie, les voilà, sans y penser, habillées en hommes.”

L’assimilation culturelle de la mode mamelouke dans la société française a été accélérée par son adoption dans la mode civile, le théâtre et les arts. La société française, captivée par l’attrait de l’image des Mamelouks, l’a transformée en marchandise par le biais de vaudevilles, de romans et d’articles de mode. Les turbans, tuniques à manches longues et pantalons orientaux d’inspiration mamelouke font sensation, non seulement chez les hommes, mais aussi chez les femmes, qui s’approprient ces détails vestimentaires comme ornements et accessoires, féminisant ainsi la tenue d’une caste de guerriers. Cette tendance s’est étendue à la mode enfantine, où habiller les jeunes en costume mamelouk est devenu un aspect particulier de l’ère napoléonienne.

Karim Al-Mansour