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Lifestyle

25.06.2021

“Divas”, promenade nostalgique avec les icônes de l’âge d’or égyptien

Entre les murs de l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 26 septembre prochain, les amoureux de musique arabe comme les curieux pourront revisiter l’histoire des grandes artistes femmes qui ont fait la musique et le cinéma arabe du XXe siècle à travers une exposition qui célèbre leur histoire mais surtout l’héritage qu’elles ont laissé derrière elles.

Dès les premières minutes, le parcours de l’exposition “Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida” se révèle comme une invitation au voyage.  Après avoir traversé un rideau sur lequel figurent les visages des chanteuses mythiques du monde arabe, le visiteur est plongé dans une petite boîte à musique féérique, temple d’une une épopée en quatre actes, sonore et lyrique, qui nous transporte de Beyrouth au Caire à la rencontre de femmes mythiques de l’âge d’or musical et cinématographique du monde arabe..

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La première partie de l’exposition s’ouvre sur une découverte, celle du Caire bouillonnant du début du XXème siècle. En pleine “nahda” (renaissance intellectuelle), la capitale égyptienne est alors l’épicentre d’une explosion culturelle et artistique du monde arabe. Une période qui marque aussi l’apparition de nombreuses femmes qui s’imposent dans le paysage artistique égyptien. Parmi elles, des pionnières du mouvement féministe égyptien et arabe comme Hoda Chaaraoui ou Ceza Nabaraoui qui ont fondé l’union féministe égyptienne pour la défense du droit des femmes, mais aussi des icônes oubliées comme Mounira Al-Mahdiyya, icône du café chantant et de l’opérette, Badia Massabni, une des premières danseuses orientales célèbre et fondatrice du cabaret Basino Badia, ou encore les actrices et productrices Assia Dagher ou Aziza Amir qui réussirent à défier la domination masculine en s’imposant dans les industries émergentes du disque et du cinéma

Suite de l’odyssée: les voix du monde arabe et les stars du “Nilwood”

Ces femmes ont posé les premiers jalons d’une industrie qui a permis aux plus grandes étoiles de la chanson arabe d’éclore, à l’instar de Fayrouz, Oum Kalthoum, ou encore Asmahan. Des femmes de légende et d’origine différentes  qui ont toutes incarnées  l’idéal panarabe de l’époque. Le spectateur est alors invité à déambuler au milieu de leurs voix et chants envoûtants, à accéder aux loges personnelles de ces chanteuses conçues comme des petits boudoirs intimes, où sont exposés leurs effets personnels, des bijoux, photographies, des affiches de concert, costumes de scène ou encore interviews exclusives. Une expérience rendue possible grâce au travail de fourmi fourni par les commissaires de l’exposition Elodie Bouffard et Hanna Boghanim, comme l’explique cette dernière Collecter les effets personnels de ces divas a été le fruit d’un long travail d’investigation mené à Beyrouth mais aussi au Caire et à Alger afin de rencontrer les familles des chanteuses. Il a fallu convaincre leurs proches de nous prêter ces objets personnels.  Si dans certains cas les gens ont généreusement accepté de nous léguer des objets comme le fils de Warda ou encore la fille du créateur William Khoury qui a accepté de nous prêter les robes de Sabah, pour Fayrouz qui n’accepte plus de participer à des projets, il nous fut très difficile d’accéder à ses effets personnels et nous avons dû reconstituer sa loge comme nous pouvions. Heureusement, en nous rendant sur place, on a pu rencontrer par hasard un collectionneur qui rassemble depuis l’âge de 15 ans des affiches de film et des unes de magazine. On a donc cherché à valoriser sa collection”.

Et comme la musique n’est jamais très loin du cinéma en Égypte, portée par les comédies musicales à succès qui ont fait l’âge d’or de son cinéma des années 30 à 70, cette exposition rend également hommage aux actrices et chanteuses/danseuses incontournables de “Nilwood”,ou Hollywood du Nil. Une époque où les studios Misr du Caire produisaient une cinquantaine de films chaque année et qui a permis de voir l’apogée d’actrices comme Laila Mourad, Souad Hosni, Samie Gamal, Hind Rostom ou encore Dalida.

Sortir de la nostalgie pour regarder le présent et le futur

Mais loin d’une simple ode nostalgique et mélancolique aux divas du monde arabe, cette exposition valorise surtout l’écho retentissant que ces dernières trouvent encore aujourd’hui dans la production contemporaine, raconte Hanna Boghanim “Il y a un réel engouement aujourd’hui pour les soirées revival de musique arabe à Paris mais aussi à Beyrouth et au Caire. De nombreux beatmakers s’en inspirent régulièrement comme Randa Mirza du duo Love and revenge par exemple, et c’est ce qui nous a donné envie d’explorer cette histoire.” 

Un patrimoine toujours vivant que la dernière partie de l’exposition met en avant à travers différents artistes qui partagent leur propre réinterprétation de cet héritage, comme le photographe égyptien Youssef Nabil qui célèbre la danse orientale qu’il craint de voir disparaître dans son court métrage “I Saved a belly dancer”, le duo libanais formé par Randa mirza et Wadel Kodeih qui mixe morceaux populaires égyptiens et hologrammes dédiés aux figures de la danse du ventre et du cinéma égyptien: Tahiyya Carioca et Samia Gamalune à travers une installation sonore magique, mais aussi l’artiste irano-américaine Shirin Neshat qui présente deux courts métrages issus d’un film qu’elle a consacré à Oum Kalthoum.

Presqu’un an après l’explosion de Beyrouth, “Divas” nous entraîne forcément dans une douceur de vivre qu’on aimerait retrouver dans la région, même si la commissaire de l’exposition se défend d’avoir voulu nous plonger dans des abîmes de la mélancolie mais au contraire, nous montrer l’espoir que représente cet hommage, “ Si l’exposition nous plonge dans cette période qui fait rêver, elle ne cherche pas à dire que tout est terminé aujourd’hui mais au contraire à s’inscrire dans une continuité et apporter de la nuance. Si les femmes sont moins représentées dans les films arabes aujourd’hui, il y a encore des mouvements féministes et c’est ce que l’exposition essaie d’expliquer aussi.”

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