Histoire & Patrimoine
20.01.2022
En Syrie, la découverte du premier animal hybride créé par l’homme
Les biologistes viennent de faire une découverte stupéfiante en Syrie. Il y a 4500 ans, les Mésopotamiens ont imaginé et donné naissance au “kunga”, croisement entre une ânesse domestique et un hémione sauvage, pour optimiser la force, la vitesse et la taille des équidés emmenés à la guerre.
Découverts sur le riche site funéraire d’Umm el-Marra au nord de la Syrie, l’analyse ADN des ossements de 44 kungas a dévoilé le mystère historique des “chevaux” représentés par l’art mésopotamien. Jusqu’à présent, les archéologues et scientifiques n’avaient aucune preuve de l’existence des kungas, souvent représentés sur les fresques et dans les récits sumériens.
Des kungas tirant des chars représentés sur une mosaïque vieille de 4500 ans, “l’étendard d’Ur” © Zunkir
La première hybridation volontaire à but guerrier
Les kungas sont nés du besoin humain d’être accompagné à la guerre. Ils avaient pour mission de tracter des chars à quatre roues, notamment pendant les combats. Comme l’explique Eva-Maria Geigl, biologiste et autrice de l’étude, si les Sumériens se sont donnés autant de mal, c’est que les ânes pouvaient servir d’animaux de trait, mais qu’ils auraient été inutilisables au combat puisqu’ils auraient refusé de charger vers l’ennemi. Les kungas étaient ainsi à la fois plus dociles que des ânes sauvages, mais aussi plus rapides et plus forts que les ânes domestiqués.
Ces croisements seraient devenus une institution pour les guerriers sumériens jusqu’à l’arrivée des chevaux, un demi siècle plus tard. Et comme les espèces hybrides n’avaient pas la possibilité de se reproduire, ces derniers ont rapidement remplacé les kungas. En revanche, cette particularité contraignante démontre l’intention humaine d’élevage des kungas et la mobilisation d’efforts et de moyens considérables pour entretenir leur production. D’autant plus que les hémiones sauvages devaient d’abord être capturés puis maintenus en captivité tandis qu’ils sont réputés pour leur agressivité.
A new genome sequencing study in @ScienceAdvances has uncovered the earliest known evidence of hybrid animal breeding, confirming that mysterious 4500-year-old equid skeletons most likely belonged to domesticated hybrid animals called kungas. https://t.co/tXMR7bCwZq pic.twitter.com/PDRL9L1tEy
— Science Magazine (@ScienceMagazine) January 14, 2022
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