La sécheresse frappe durement le Maroc depuis six ans, menaçant la célébration traditionnelle de l’Aïd al-Adha en 2025. Avec une baisse drastique du cheptel national et une flambée des prix de la viande rouge, le gouvernement marocain se mobilise pour trouver des solutions face à cette crise sans précédent qui pourrait compromettre l’un des moments les plus importants du calendrier musulman.
Une situation alarmante pour l’élevage marocain
La sécheresse persistante a durement touché le secteur agricole marocain, entraînant une réduction significative du cheptel. Les derniers chiffres indiquent une baisse de 2% du nombre de moutons, atteignant environ 20 millions de têtes, tandis que le nombre de chèvres a chuté de 4% pour atteindre un peu plus de 5 millions. Cette diminution a un impact direct sur la disponibilité des animaux pour le sacrifice traditionnel de l’Aïd al-Adha.
La situation est aggravée par la hausse des coûts des aliments pour bétail, largement due au conflit en Ukraine qui a perturbé les exportations de céréales. En conséquence, le prix moyen d’un mouton de taille moyenne a grimpé à environ 4 000 dirhams marocains (environ 400 dollars), soit une augmentation de plus de 30% par rapport à l’année précédente. Cette inflation met une pression financière considérable sur les familles marocaines, pour lesquelles l’achat d’un mouton représente désormais près d’un mois de salaire moyen.
Réponses gouvernementales et débats sociétaux
Face à cette crise, le gouvernement marocain a mis en place plusieurs mesures d’urgence. Plus de 30 000 têtes de bétail ont été importées pour tenter de stabiliser les prix. Un plan de soutien aux agriculteurs de 990 millions de dollars a également été annoncé pour les aider à faire face à la sécheresse et aux défis économiques. Cependant, ces mesures n’ont pas encore eu l’effet escompté sur les prix du marché.
Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a déclaré :
« Il est encore trop tôt pour envisager l’annulation des célébrations de l’Aïd al-Adha, mais nous surveillons de près la situation et travaillons à trouver des solutions. »
Cette déclaration a relancé le débat sur la possibilité d’adapter les traditions religieuses face aux défis économiques et environnementaux. Des discussions sont en cours entre les leaders religieux et la société civile sur la flexibilité des pratiques islamiques en temps de crise, faisant référence à des précédents historiques où le sacrifice a été suspendu en période de difficultés.
Solidarité communautaire et alternatives
Malgré ces défis, l’esprit de solidarité reste fort au sein de la communauté marocaine. De nombreux citoyens ont exprimé leur intention de boycotter l’achat de moutons aux prix actuels, par solidarité avec les familles dans le besoin. D’autres explorent des alternatives pour maintenir l’essence de la fête, comme les dons caritatifs ou le partage communautaire d’un seul sacrifice.
Ikram, une enseignante marocaine, témoigne :
« Les prix sont devenus insoutenables, mais on ne peut pas mettre un prix sur la volonté de Dieu. Nous trouverons d’autres moyens de célébrer et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. »
Cette crise met en lumière la nécessité d’une réflexion profonde sur la durabilité des pratiques agricoles et l’adaptation des traditions face aux changements climatiques. Le Maroc explore déjà des solutions innovantes, comme le développement de variétés de céréales résistantes à la sécheresse et l’amélioration des techniques de gestion de l’eau.
Alors que l’Aïd al-Adha 2025 approche, le Maroc se trouve à un carrefour critique, cherchant à équilibrer tradition religieuse, réalités économiques et défis environnementaux. La manière dont le pays naviguera cette crise pourrait définir non seulement l’avenir de cette célébration importante, mais aussi l’approche plus large du pays face aux défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire.