Arabie Saoudite : ce méga-projet controversé aurait déjà fait 21 000 morts…

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Le projet titanesque de la ville futuriste Neom en Arabie Saoudite, dont le point culminant est « The Line« , suscite autant d’admiration que de critiques.

Étendu sur une surface de 26 500 kilomètres carrés, ce méga-projet vise à révolutionner l’urbanisme dans un désert aussi vaste que la Belgique. Toutefois, derrière cette façade visionnaire se cachent des controverses et des défis humains majeurs.

Une vision spectaculaire

Un gratte-ciel horizontal unique au monde

« The Line » s’impose comme un édifice architectural inédit, long de 170 kilomètres et large de seulement 200 mètres. Imaginez vivre dans un gratte-ciel couché, où neuf millions de personnes habiteraient dans un bâtiment s’élevant à 500 mètres de haut. L’objectif est de créer une ville durable avec des technologies de pointe, telles qu’un métro supersonique traversant la structure en moins de 20 minutes.

L’aménagement de « The Line » reflète l’ambition démesurée des autorités saoudiennes de promouvoir une nouvelle ère urbaine, capturant l’attention mondiale par son innovation et son échelle monumentale. Le gouvernement saoudien présente ce projet comme une vitrine de leur engagement envers le développement durable et les technologies vertes.

Coût humain et sacrifices

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Des conditions de travail inhumaines

Derrière l’impressionnante conception de « The Line » se cache une réalité beaucoup plus sombre. Les rapports révèlent des conditions de travail épouvantables pour les centaines de milliers de migrants employés sur ces chantiers. Selon différents témoignages, les ouvriers, principalement venus du Népal, du Bangladesh et de l’Inde, travaillent parfois jusqu’à seize heures par jour pendant deux semaines d’affilée sans repos.

Les travailleurs vivent dans des logements précaires et sont fréquemment victimes de retards de paiement ou même de confiscation de leurs salaires. Un ouvrier a confié dans un documentaire désespéré : « S’il vous plaît, sauvez-moi ». Cette situation précarise encore davantage ces individus déjà vulnérables, piégés dans une boucle de travail forcé moderne.

Taux de mortalité alarmant

Le Guardian a rapporté que rien qu’en 2022, 1502 travailleurs bangladais sont décédés sur les chantiers de Neom. Depuis le début des travaux, le total des morts avoisinerait les 21 000 personnes, incluant également des ressortissants du Népal et de l’Inde. Les causes principales de décès incluent les accidents du travail, exacerbés par l’épuisement et les conditions extrêmes du désert.

Déplacement forcé de communautés

L’expulsion des Bédouins

La construction de Neom ne se limite pas à des problèmes de travail; elle affecte aussi directement les populations locales. Des rapports indiquent que des communautés bédouines sont expulsées de force pour faire place aux constructions gigantesques. La BBC a mentionné que certains membres de ces communautés auraient même été tués lors de ces déplacements forcés, provoquant une indignation internationale.

Rupture du tissu social local

Le déplacement de ces populations engendre une rupture brutale des traditions et du mode de vie établi depuis des siècles. Les Bédouins, qui ont vécu en harmonie avec le désert et ses rigueurs, voient leur existence bouleversée pour satisfaire les ambitions technocratiques et économiques de l’État saoudien.

Impacts environnementaux

Un défi écologique majeur

Bien que présenté comme un modèle de durabilité, le projet Neom pose de sérieux enjeux écologiques. Construire une telle mégastructure dans un environnement désertique nécessite des ressources considérables et perturbe sensiblement les écosystèmes locaux. Les experts craignent que l’exploitation excessive des ressources naturelles entraîne une dégradation irréversible de l’environnement.

L’utilisation massive de matériaux de construction et les besoins énergétiques colossaux ajoutent une empreinte carbone significative au projet. Malgré des engagements pour intégrer des technologies vertes, la concrétisation de ces promesses reste incertaine.

  • Consommation des ressources hydriques dans un milieu aride
  • Impact sur la faune et la flore locales
  • Gestion des déchets issus de la construction

Solutions technologiquement avancées

En réponse à ces préoccupations, les concepteurs de Neom envisagent diverses innovations, notamment des systèmes de recyclage complets et des sources d’énergie renouvelable. Ils misent également sur des pratiques agricoles verticales pour réduire la dépendance alimentaire extérieure.

Cependant, la mise en œuvre de ces solutions demeure un défi, tant sur le plan technique que financier. Il faudra surveiller de près l’évolution du projet pour évaluer si ces initiatives peuvent réellement compenser les impacts négatifs anticipés.

Réactions internationales et perspectives

Une opinion publique divisée

Alors que Neom suscite fascination et curiosité à travers le globe, il attire aussi une forte critique citoyenne et institutionnelle. De nombreuses ONG dénoncent les violations des droits de l’homme et appellent à des sanctions contre l’Arabie Saoudite. Ces préoccupations humanitaires et éthiques trouvent écho dans des pétitions et campagnes visant à stopper le projet ou en améliorer les conditions.

Possibilités d’amélioration

Pour que Neom devienne réellement un symbole de progrès, il faudra adopter des réformes profondes concernant les droits des travailleurs et la gestion durable des ressources. Des inspections régulières, une plus grande transparence, ainsi qu’une collaboration avec des partenaires internationaux pourraient orienter le projet vers une voie plus respectueuse et inclusive.

En somme, Neom représente un carrefour entre innovation audacieuse et réalités socio-économiques complexes. Tandis que la vision d’une métropole futuriste continue de captiver l’imaginaire collectif, les défis éthiques et matériels présents soulignent l’importance cruciale d’un développement équilibré et équitable.

Karim Al-Mansour

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