Le drapeau palestinien occupe une place particulière dans l’histoire et la culture du peuple palestinien. Il est bien plus qu’un simple emblème national; il représente un symbole puissant de résistance, d’identité et de fierté pour les Palestiniens. Cet article explore les origines, la signification et l’impact socio-politique de ce drapeau, tout en offrant des perspectives sur son rôle au fil du temps.
Des couleurs chargées d’histoire
Le drapeau palestinien se compose de trois bandes horizontales et d’un triangle rouge à gauche. Chaque couleur présente sur ce drapeau a une signification profondément ancrée dans l’histoire arabe.
Les inspirations historiques
Les bandes noires, blanches et vertes rappellent les époques de grandeur des dynasties arabes : le noir fait référence au califat abbasside de Bagdad, période florissante de la civilisation islamique; le blanc évoque l’empire omeyyade; et le vert symbolise la dynastie fatimide du Caire. Enfin, le rouge représente la maison hachémite de Sharif Hussein de La Mecque, descendant du prophète Mahomet.
Ces choix de couleurs ne sont pas anodins. Ils sont également inspirés par un verset du poète arabe Safi Al Din Al Hilli : « Blanches sont nos actions, noires sont nos batailles, verts sont nos pâturages, rouges sont nos épées ». Cette poésie du 14ème siècle incarne les valeurs de bravoure et d’honneur que ces couleurs cherchent à véhiculer.
L’émancipation nationale et la formalisation du drapeau
Bien que ces couleurs aient été associées aux révoltes arabes dès le début du 20ème siècle, le drapeau palestinien n’a été officiellement adopté qu’en 1948 à Gaza. Par la suite, il fut reconnu comme l’emblème officiel de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) lors de sa création en 1964.
Un symbole interdit et contourné
Après la guerre de juin 1967, où Israël a pris le contrôle de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de Gaza, le drapeau palestinien a été banni par l’État israélien qui le considérait comme un symbole terroriste. Cette interdiction a poussé les Palestiniens à faire preuve de créativité pour afficher leurs couleurs nationales.
Certains cousaient des morceaux de tissu pour recréer le drapeau, tandis que d’autres portaient des vêtements avec les couleurs nationales ou utilisaient même des étendues de linge pour affirmer leur identité écologique et leur résistance. L’artiste Sleiman Mansour a relaté les restrictions imposées par Israël sur l’art palestinien, expliquant qu’il était interdit de peindre les couleurs du drapeau.
- Coudre des tissus colorés
- Porter des vêtements aux couleurs du drapeau
- Utiliser des objets quotidiens pour représenter le drapeau
Le rôle de la pastèque : Un substitut créatif
Face à cette censure, une idée ingénieuse a vu le jour : utiliser des tranches de pastèque comme métaphore subtile et non verbale du drapeau. Mansour souligne comment les couleurs naturelles de la pastèque – verte à l’extérieur, blanche sous la peau, rouge à l’intérieur avec des graines noires – reproduisent parfaitement celles du drapeau palestinien, rendant ainsi possible l’expression de leur patriotisme sans être sujets à confiscation par les autorités israéliennes.
Une mesure controversée
Cependant, même cette forme d’expression visuelle peut être réprimée par les forces israéliennes si elles jugent qu’elle constitue une menace à l’ordre public. Par exemple, durant les funérailles de la journaliste Shireen Abu Akleh en mai 2022, le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a ordonné le retrait des drapeaux palestiniens des espaces publics, arguant que ceux-ci encourageaient le terrorisme et incitaient à la haine envers l’État d’Israël.
Un symbole contesté mais indélébile
Aujourd’hui encore, le drapeau palestinien demeure au cœur d’un débat complexe. Pour certains, il est un symbole honorable de résistance et de quête de liberté; pour d’autres, il symbolise une opposition violente et le terrorisme. Pourtant, sa présence continue de rappeler les luttes passées et actuelles des Palestiniens pour leur reconnaissance et leurs droits.
Persistance dans l’art et la culture
La persévérance des artistes et des citoyens palestiniens à honorer leurs couleurs nationaux illustre bien plus qu’une simple contestation. Cela témoigne d’une volonté inébranlable de préserver leur histoire, de cultiver leur patrimoine culturel et d’affirmer leur existence face aux adversités.
En dépit des interdictions, le drapeau trouvera toujours des moyens détournés pour s’incarner dans le quotidien palestinien, que ce soit par l’art, la mode ou les manifestations populaires. Cette ténacité démontre la profondeur de l’attachement des Palestiniens à ce symbole, transcendant les simples polémiques politiques.
Pour conclure, bien que cet article ne puisse résoudre les tensions entourant le drapeau palestinien, il met en lumière l’influence durable de ses couleurs et ce qu’elles représentent pour un peuple cherchant ardemment à maintenir vivant le flambeau de leur héritage et aspirations nationales.
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