Syrie : La chute d’Assad rebat les cartes au Moyen-Orient 50 ans après

Le 29 janvier 2025 marque un tournant majeur dans la géopolitique du Moyen-Orient. La chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie, survenue il y a quelques semaines, redessine profondément les équilibres régionaux. Cette évolution soudaine soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la Syrie et ses implications pour l’ensemble du monde arabe.

La fin d’une ère en Syrie

Après 13 ans de guerre civile, le régime de Bachar al-Assad s’est effondré le 8 décembre 2024 face à une offensive menée par des factions rebelles islamistes, principalement Hayat Tahrir al-Sham (HTS). En quelques semaines, les forces d’opposition ont pris le contrôle de Damas et des principales provinces du pays, dont Hama, Alep, Idlib et Homs. Cette victoire rapide des rebelles s’est faite avec une résistance étonnamment faible de l’armée syrienne et de ses alliés.

Ce bouleversement marque la fin d’un régime qui dirigeait la Syrie d’une main de fer depuis plus de 50 ans. Il représente également un revers stratégique majeur pour la Russie et l’Iran, principaux soutiens d’Assad sur la scène internationale. À l’inverse, la Turquie, qui appuyait certains groupes rebelles, voit son influence potentiellement renforcée dans la région.

Les défis de la transition

La chute d’Assad ouvre une période d’incertitude pour la Syrie. Le pays, dévasté par des années de conflit, fait face à d’immenses défis de reconstruction et de réconciliation nationale. Les nouvelles autorités, dominées par HTS, sont confrontées à la tâche colossale de rétablir les services de base et de relancer une économie exsangue.

« La rapidité des victoires militaires des factions rebelles soulève des inquiétudes quant à la future gouvernance et la stabilité de la Syrie », note un analyste spécialiste de la région.

En effet, la capacité du HTS à établir un gouvernement stable et inclusif reste à prouver, notamment au regard de la diversité ethnique et confessionnelle du pays. La communauté internationale observe avec attention cette transition, craignant une potentielle résurgence de groupes extrémistes dans le vide laissé par la chute du régime.

Implications régionales

Les répercussions de ce changement de régime en Syrie se font déjà sentir dans toute la région. Au Liban voisin, un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hezbollah est en vigueur depuis peu. Cependant, les tensions restent vives, avec des retraits partiels des forces israéliennes et des accusations mutuelles de violations de l’accord. La situation au Liban reste étroitement liée aux développements en Syrie et pourrait rapidement se détériorer.

Plus au sud, la crise à Gaza continue d’avoir des répercussions régionales. Malgré une récente percée dans les négociations entre Israël et le Hamas pour un échange d’otages, la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne reste critique. Les attaques des Houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge, en soutien à Gaza, ajoutent une dimension supplémentaire à la complexité régionale.

Vers un nouvel ordre régional ?

La chute du régime syrien pourrait marquer le début d’une reconfiguration majeure des alliances et des influences au Moyen-Orient. L’Iran, qui perd un allié stratégique avec Assad, voit son « axe de résistance » contre Israël fragilisé. La Turquie, en revanche, pourrait tirer profit de la situation pour étendre son influence, notamment en Syrie du Nord.

Les pays du Golfe, engagés dans des réformes économiques post-pétrole, observent ces développements avec attention. Une stabilisation régionale, notamment une détente avec l’Iran, est perçue comme essentielle pour leurs projets de diversification économique, à l’image du projet NEOM en Arabie Saoudite.

Alors que la région entre dans une nouvelle phase d’incertitude, le rôle de la communauté internationale, notamment de l’ONU, sera crucial pour accompagner une transition pacifique en Syrie et prévenir une escalade des conflits régionaux. L’avenir du Moyen-Orient se dessine aujourd’hui dans un équilibre fragile entre espoir de renouveau et risque d’embrasement.

Frank le journaliste