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Société

08.03.2019

Ces artistes qui s’engagent pour améliorer la condition féminine dans le monde arabe

A l’occasion de la journée de la femme, un petit tour d’horizon de trois artistes qui oeuvrent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour améliorer la condition féminine et combattre les tabous qui la confine trop souvent dans des rôles préconçus.

Zainab Fasiki, la bédéiste qui combat le tabou du corps féminin dans le monde arabe

Elevée comme fille unique au sein d’une fratrie de cinq garçons, Zainab Fasiki  développe très tôt des instincts féministes et comprend que seul son coup de crayon magique lui permettra de bousculer la société marocaine. Elle se réfugie alors dans le dessin et partage des illustrations qui la représentent nue sur son compte Instagram. Son compte rencontre un grand succès et regroupe aujourd’hui plus de 15000 followers, ce qui lui amène une première collaboration avec Skefkef, un fanzine marocain satirique et décalé pour lequel elle réalise L’Essentiel de l’éducation sexuelle, une série de vignettes pour dédramatiser le sexe. Cette expérience marque les prémices d’un autre projet: Hshouma. Signifiant “honte” en dialecte marocain, cette initiative née lors d’une résidence artistique en Espagne comprend une bande dessinée, la création d’un site web et une série d’événements destinés à combattre le tabou lié au corps et à la sexualité féminine dans le monde arabe. Elle est aussi fondatrice et responsable de Women Power, une association d’empowerment féminin qu’elle a créée dans le but de soutenir des jeunes artistes marocaines. Ayant récemment lancé Feyrouz Versus The World,  l’histoire d’une jeune fille de la région MENA qui rêve de voyager et s’émanciper, elle poursuit aussi son engagement humanitaire dans le cadre d’un partenariat avec les Nations unies au Maroc, UNHCR Maroc, pour qui elle dessine les témoignages bouleversants de jeunes filles Africaines victimes d’excision ou de viol collectif.

© Zainab Fasiki

Bochra Tikri, créatrice d’un festival d’art féministe tunisien

Bouchra Tikri est une femme  tunisienne membre de Chouf, une association qui oeuvre pour lutter contre les discriminations faites aux femmes, que ce soit en matière de violences sexuelles, de racisme, d’éducation, de handicap. En 2015, elle co-organise avec l’association le premier festival annuel d’art féministe à Tunis. Nommé “Chouftouhonna”, son but est  de promouvoir les luttes féministes dans plusieurs disciplines, ainsi que de fournir aux femmes tunisiennes un espace où partager leurs créations et de se faire entendre. Parmi ses projets: la réalisation d’un documentaire projeté en prison auprès des hommes, mais aussi dans des refuges pour femmes. Le film est basé sur l’histoire vraie d’une femme violée par des policiers en 2013 qui a été poursuivi par ses agresseurs pour immoralité, et qui les a poursuivi pour viol. Un procès très long qui fut largement suivi par l’ensemble de la société civile. Une initiative qui vise à montrer des films engagés, à des publics qui n’ont généralement pas accès à ce type de culture. Également membre de la coalition tunisienne pour les droits LGBT, un des partenaires du festival, elle travaille avec l’association  Mawjoudin (We Exist), qui a organisé le premier festival queer du pays.

Zoulikha Tahar

Poétesse, vidéaste, slameuse, écrivain: Zoulikha Tahar est une artiste algérienne qui a plus d’une corde à son arc. Née à Oran, depuis l’enfance elle utilise ses mots pour décrire et dénoncer la société algérienne. Poète nourrie au biberon de Baudelaire et de Gainsbourg, elle écrit des slams où elle partage ses interrogations de jeune femme n’hésitant pas à s’attaquer aux injustices sociales de son pays, comme le patriarcat ambiant. Elle est d’ailleurs fondatrice du collectif de slammeurs Awal en novembre 2016, et a écrit un recueil de poèmes Presque deux avec l’institut français d’Oran, qui s’est transformé en spectacle mis en scène à la Nouvelle Seine. Car cette doctorante en mécanique des matériaux ne se met pas de frontières artistiques pour libérer la parole féminine, également connue sous le pseudo Toute Fine, elle s’est surtout fait connaître sur les réseaux sociaux avec un court métrage sur le harcèlement de rue “La rue” qu’elle a coproduit avec Sam Mb et où elle se mettait en scène dans des situations ordinaires. Miroir de la jeunesse qui se révolte pour la liberté à Alger,  si elle parle de son pays c’est toujours avec poésie et l’espoir de voir les choses changer.

Ces artistes seront présentes lors d’une conférence “Citoyennes” le 8 mars 2019,  programmée à à l’occasion des Arabofolies organisées par l’Institut du Monde arabe

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Publié le 8 March 2019

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