Ces plages de Somalie où 5000 km de côtes reflètent une renaissance prudente

L’eau turquoise de l’océan Indien caresse doucement le sable doré des plages de Mogadiscio. Capitale somalienne aux multiples visages, cette ville côtière se réinvente progressivement après des décennies de conflits. Ses rivages, jadis prisés des voyageurs internationaux dans les années 1970, retrouvent peu à peu leur éclat d’antan. Comment ces plages, témoins silencieux de l’histoire tumultueuse du pays, reflètent-elles aujourd’hui la renaissance prudente de toute une société?

Un littoral chargé d’histoire

Fondée au IXe siècle par des marchands arabes, Mogadiscio fut longtemps un carrefour commercial majeur entre la péninsule arabique et l’Afrique de l’Est. Son littoral, s’étendant sur plus de 3 000 kilomètres, constituait la pierre angulaire de ce rayonnement. La plage du Lido, principale attraction balnéaire de la capitale, tire son nom de l’influence italienne durant la période coloniale (1889-1941). Cette empreinte se manifeste encore dans certaines façades Art déco bordant le front de mer, vestiges d’une époque où l’élite coloniale venait s’y prélasser.

En 2011, après le retrait des milices Al-Shabab du centre-ville, la plage du Lido a connu une renaissance progressive. Ce lieu symbolique demeure néanmoins vulnérable, comme l’a tristement rappelé l’attentat de janvier 2020 ayant fait 5 morts et 28 blessés. Malgré ces défis sécuritaires, les habitants y reviennent progressivement redécouvrir ce patrimoine maritime.

Entre traditions et renouveau

Le rapport des Somaliens à leurs plages reflète l’évolution sociale du pays. Dans cette société à 99% musulmane, les codes vestimentaires restent conservateurs même en bord de mer. Les femmes s’y baignent généralement vêtues de longues robes colorées ou de burkinis, tandis que les hommes portent des shorts longs et des t-shirts. Cette pratique balnéaire culturellement adaptée n’entame en rien la joie palpable des familles s’y retrouvant chaque vendredi après la prière.

Sur la plage d’Abdiaziz, située à 10 km du centre-ville, les vendeurs proposent des jus de mangue frais (1$) et du shaah bigeys, thé somalien sucré à la cardamome (0,5$). Les pêcheurs locaux débarquent chaque matin leurs prises – principalement des thons, barracudas et mérous – qu’ils vendent directement aux restaurateurs installés dans les cabanes de bois longeant la côte.

Un plat de poisson grillé accompagné de bajiyas (beignets d’origine berbère adaptés à la cuisine somalienne) coûte environ 5$ dans ces établissements informels.

Des trésors méconnus

Au-delà des plages urbaines, Mogadiscio cache d’autres joyaux côtiers. À 15 km au sud, Jazeera Beach offre une expérience plus sauvage avec ses dunes de sable immaculées et ses eaux cristallines. Cette étendue de 3 km, moins fréquentée que Lido, permet d’observer les dauphins qui s’approchent régulièrement du rivage à l’aube.

Le phare de Mogadiscio, construit en 1904 par les Italiens et restauré en 2018, offre une vue panoramique sur la côte. Haut de 21 mètres, ce monument historique témoigne de l’importance maritime de la ville. À ses pieds, les récifs coralliens forment un écosystème riche mais fragile, menacé par la surpêche et les déchets plastiques.

Dans le village de pêcheurs d’Aargada, à 25 km au nord, les artisans fabriquent encore des boutres traditionnels en bois selon des techniques ancestrales, comme dans certains ksars sahariens où les savoir-faire se transmettent de génération en génération.

Informations pratiques

La meilleure période pour visiter les plages de Mogadiscio s’étend de décembre à février, pendant la saison sèche. L’eau atteint alors 27°C et les précipitations sont minimales. Un visa touristique (50$) est délivré à l’aéroport international Aden Adde.

En raison de la situation sécuritaire, il est recommandé de s’informer auprès des autorités locales avant tout déplacement. La plupart des hôtels (70-150$/nuit) proposent des transferts sécurisés depuis l’aéroport jusqu’aux zones balnéaires.

Pour un tourisme respectueux, privilégiez les guides locaux (20$/jour) qui connaissent parfaitement le territoire et contribuent à l’économie de cette région où le taux de chômage atteint 67%. Certains opèrent depuis le port historique, jadis aussi actif que certains ports méditerranéens.

FAQ sur les plages de Mogadiscio

Les plages de Mogadiscio sont-elles sûres pour les touristes?

La sécurité s’est considérablement améliorée depuis 2012, mais reste variable. Les plages du Lido et de Jazeera bénéficient d’une surveillance accrue, surtout en journée (8h-17h).

Quelles activités peut-on pratiquer sur ces plages?

La natation, la pêche artisanale et les promenades en boutre sont proposées. La plongée sous-marine reste limitée en raison des infrastructures encore en développement.

Comment s’habiller sur les plages somaliennes?

Une tenue modeste est recommandée. Les hommes portent généralement des shorts longs et t-shirts, les femmes des vêtements couvrant épaules et genoux ou des maillots de bain islamiques.

Karim Al-Mansour

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