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Société

16.09.2019

Ces Saoudiennes qui tombent l’abaya

Le prince héritier Mohammed Ben Salmane l’avait récemment annoncé : le port de l’abaya n’est en fait pas obligatoire dans l’Islam, et n’a donc pas lieu d’être imposé aux femmes du royaume. Depuis, celles-ci sont de plus en plus nombreuses à remettre en question le vêtement traditionnel noir…

Après l’annonce du Prince dans une interview accordée à CBS le 19 mars 2018, on avait aperçu sur les réseaux sociaux quelques abaya colorés, ou même portés à l’envers, et comme on s’en doutait, ce n’était qu’un début.

Le temps, sans doute, pour les femmes saoudiennes de prendre la mesure de cette déclaration faite par le prince héritier Mohammed Ben Salmane, annonçant une petite “révolution” vestimentaire : l’abaya, tenue traditionnelle des femmes du royaume, jusqu’alors considérée comme obligatoire, n’est en fait qu’une coutume, un us que nulle ne devrait être forcée d’observer contre son gré. 

Extraordinaire tenue ordinaire

Pas besoin de le dire deux fois à Mashael al-Jaloud ! La jeune femme s’est récemment mise en scène dans une vidéo, arpentant les rues de Riyad dans une tenue “occidentale”, portant un ensemble composé d’une veste et d’un pantalon orange. 

Il va sans dire que la femme a récolté regards curieux et remarques – admiratives ou offusquées – de la part de plusieurs passants (certains ont même demandé si elle était célèbre, ou mannequin), mais cela ne refroidit pas cette responsable de ressources humaines de 33 ans

Flou juridique ? 

De fait, aucun edit officiel n’est venu confirmer l’annonce de MBS. C’est sans doute la raison pour laquelle l’abaya reste omniprésent, sans doute également pourquoi les gardes de sécurité du centre commercial dans lequel la femme a voulu pénétrer s’y sont opposés. Par la suite, le lieu a même tweeté qu’il n’autoriserait pas l’entrée aux “contrevenants à la morale publique”. Les mentalités sont encore en cours d’évolution, une évolution qui, faute d’un cadre juridique bien ancré, pourrait se faire désirer.  

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L’émulation en marche 

Al-Jaloud n’est pas la seule à se montrer vestimentairement avant-gardiste. Depuis 4 mois, Manahel al-Otaibi, une activiste de 25 ans, s’affiche elle aussi en tenue ordinaire et clame haut et fort son droit de s’habiller comme elle l’entend. Pour l’heure, les deux femmes récoltent des avis partagés… Dans la rue comme sur les réseaux, d’aucuns trouvent leurs tenues et leurs comportements déplacés, d’autres les soutiennent… 

“Vivre comme je veux”

Pour Mashael al-Jaloud en tout cas, “L’abaya n’a rien à voir avec la religion. Si c’était le cas, les Saoudiennes ne l’enlèveraient pas quand elles sortent du pays”. Celle qui se décrit comme “une Saoudienne ordinaire” expliquait à l’AFP que sa seule revendication est de “vivre comme je veux, librement et sans restrictions. Personne ne devrait me forcer à porter quelque chose dont je ne veux pas“. 

Publié le 16 September 2019