Cette mosquée du XIXe siècle où Malcolm X a transformé une école en lieu de culte

À Springfield, dans le Massachusetts, se dresse un bâtiment de briques rouges dont les murs racontent un chapitre fascinant de l’histoire afro-américaine. L’Al-Baqi Islamic Center, ancien lieu scolaire devenu témoin du parcours spirituel de toute une communauté, représente bien plus qu’un simple lieu de culte. Comment cette structure centenaire est-elle devenue un carrefour de l’islam américain et pourquoi mérite-t-elle l’attention des voyageurs curieux de comprendre l’évolution religieuse aux États-Unis?

Un héritage architectural et spirituel unique

Construit en 1883, ce bâtiment a d’abord servi comme Oak Street School (plus tard renommé Strickland School en l’honneur de son premier directeur). Dans les années 1950, le lieu prend une tournure historique lorsque Malcolm X et ses compagnons y établissent la Nation of Islam à Springfield, le transformant en Mosquée n°13. Ce changement marque un jalon crucial dans l’histoire musulmane américaine.

En 1975, suite à la rupture d’Imam W.D. Muhammad avec la Nation of Islam, l’édifice devient un centre islamique traditionnel, abandonnant les doctrines controversées de la NOI pour embrasser un islam orthodoxe. Cette transformation spirituelle reflète parfaitement l’évolution de nombreuses communautés musulmanes afro-américaines durant cette période charnière.

Cette histoire fascinante explique pourquoi certains voyageurs cherchant à comprendre l’architecture sacrée islamique s’intéressent particulièrement à ce lieu qui, contrairement aux mosquées traditionnelles, illustre l’adaptation pragmatique des premiers musulmans américains.

Vie communautaire et pratiques religieuses

La communauté musulmane de Springfield, estimée à environ 1000 personnes, maintient des traditions islamiques tout en naviguant les défis de la vie américaine contemporaine. Les services religieux comprennent l’Aqiqah (célébration pour les nouveau-nés), les mariages islamiques (Nikah), et les funérailles respectant les principes de l’enterrement rapide (sous 24-48 heures).

La distribution de la Zakat (aumône obligatoire) et la Sadaqah (charité volontaire) sont gérées via un système communautaire transparent, illustrant l’importance de la solidarité sociale en islam. Ces pratiques, similaires à celles qu’on retrouve dans d’autres communautés musulmanes du monde, prennent ici une coloration particulière en contexte américain.

Défis contemporains et résilience

L’un des défis majeurs pour la communauté est l’absence de cimetière musulman à Springfield. Les familles doivent se rendre à Joplin, Kansas City ou Saint-Louis pour enterrer leurs proches selon les rites islamiques. Cette situation a même poussé certains résidents musulmans, notamment des professionnels qualifiés, à quitter la ville.

Le projet American Momin Park, lancé pour répondre à ce besoin, vise à créer un complexe comprenant mosquée, cimetière et école islamique. En 2023, ce projet nécessitait encore 1,3 million de dollars pour finaliser sa première phase, démontrant les défis économiques auxquels font face les communautés musulmanes minoritaires.

Cette réalité contraste avec la vie dans les médinas traditionnelles du monde musulman, où l’infrastructure religieuse fait partie intégrante du tissu urbain depuis des siècles.

FAQ sur l’Al-Baqi Islamic Center

Quand Malcolm X a-t-il établi la Mosquée n°13 à Springfield?

Malcolm X a participé à l’établissement de la Nation of Islam à Springfield dans les années 1950, transformant l’ancienne école en Muhammad’s Mosque n°13.

Quel événement historique a transformé ce lieu en centre islamique traditionnel?

En 1975, après que l’Imam W.D. Muhammad ait quitté la Nation of Islam pour adopter l’islam sunnite traditionnel, le centre a suivi cette transition doctrinale.

Pourquoi ce bâtiment est-il significatif pour l’histoire afro-américaine?

Avant d’être une mosquée, cette structure aurait employé la première enseignante noire de Springfield dans les années 1930, ajoutant une couche supplémentaire à son importance historique.

Karim Al-Mansour

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