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Société

17.04.2019

Du FLN à la Palestine, le football, miroir des sociétés du monde arabe

Du 10 mai au 19 juillet 2019, exposition rime avec ballon rond à l’Institut du Monde Arabe de Paris à travers « football et monde arabe, révolution du ballon rond » ; une exposition sur les rapports passionnels qu’entretiennent les différents pays de la région avec ce sport emblématique. Et pour illustrer une histoire d’amour passionnée, quoi de mieux que de la raconter en 11 chapitres, comme autant de joueurs qui constituent une équipe. Onze récits de luttes, d’émancipation, d’indépendance, de rêves et de passion du sport. Nous en avons extrait quatre à ne pas manquer.

« Le football est une composante essentielle du monde arabe : on le retrouve partout, il transcende les classes sociales et les générations. L’IMA avait donc envie de s’emparer d’un sujet si populaire et de proposer une exposition sur cette thématique ». C’est sur ces mots que Aurélie Clémente-Ruiz, commissaire de l’exposition nous explique le leitmotiv du projet.

Depuis la nuit des temps, le football n’a cessé d’embraser les foules en les fédérant comme en les divisant. Loin d’être neutre, il se fait le miroir de nos sociétés et sur le terrain, il exprime autant la ferveur populaire que les enjeux sociétaux et politiques de son époque. Un sport aux multiples facettes que cette exposition vient explorer à travers différentes destinées qui ont marqué l’histoire du football et celle du monde entier.

L’équipe du FLN : le football pour l’indépendance

Dans le premier espace de l’exposition, on découvre le football sous son prisme politique et identitaire à travers l’épopée de plusieurs joueurs d’origine algérienne qui ont joué pour l’équipe nationale française. Certains ont participé au championnat de France, mais tous ont quitté leurs clubs français dans la clandestinité afin de créer la première équipe nationale algérienne. Parmi eux, des stars du football de l’époque comme Rachid Mekhloufi, Abdelaziz Ben Tifour, Mustapha Zitouni, ou encore Abderrahmane Boubekeur. Un geste sportif et qui eut un fort retentissement en France et en Afrique du Nord dans le contexte de la guerre d’Algérie. Cette nouvelle équipe du FLN « Front de libération national », ira même jusqu’à effectuer une tournée mondiale dans laquelle elle joue 91 matchs, qui la fait reconnaître officiellement par la FIFA en 1962. Un. De très nombreux documents, photos et archives de journaux, viennent illustrer le destin de ces joueurs et ce moment phare de l’histoire du football et de l’Algérie.

 

L’équipe de football du FLN © FIFA

Nejmeh : Le club multi-confessionnel du Liban

L’histoire du club libanais Nejmeh Sporting Club, nous fait, quant à elle,  voyager à travers la dimension sociale et fédératrice du ballon rond. Dans un pays aussi multiconfessionnel et fragmenté que le Liban,  le club du Nejmeh SC a longtemps incarné un modèle d’unité sociale, en accueillant des membres de différentes classes sociales et affiliations religieuses ou politiques. Une identité plurielle que les joueurs comme les supporters se sont donnés beaucoup de mal à conserver dès 1945 mais s’est malheureusement dissolue après la fin de la guerre civile en 1990, et encore plus depuis les débuts du conflit en Syrie.  L’exposition nous livre les maillots de joueurs de ce club emblématique mais aussi des photos d’époque exclusives de joueurs empruntés à la fondation Der el Nimer. On y trouve aussi les coupes et le drapeau du club, ainsi qu’un documentaire « le peuple de Nejmeh » de 2015.

 

Le Nejmeh SC © Nejmah SC

Football et émancipation féminine en Jordanie

Parmi les récits évoqués au sein de l’événement, celui l’essor du football féminin en Jordanie, appuyé par le Prince Ali, également président de la fédération nationale. Alors qu’elles n’étaient qu’une quinzaine de joueuses professionnelles en 2005, les jordaniennes sont aujourd’hui plus de 600 à être inscrites dans des clubs féminins nationaux. Une aventure d’émancipation racontée par la réalisatrice jordanienne Widad Shakaqoj dans « 17 », un documentaire qui nous invite à suivre l’équipe féminine de football U-17 lors de sa préparation pour la Coupe du monde Féminine de la FIFA des moins de 17 ans. Ce reportage qui donne la parole à de jeunes footballeuses jordaniennes, permet d’aborder ce sport comme un vecteur d’émancipation, mais nous montre aussi différents aspects de la société jordanienne.

 

 

Palestine, le football malgré tout

En Palestine, c’est comme marqueur identitaire que le football s’exprime. La FIFA fut d’ailleurs la première organisation internationale à reconnaître la Palestine comme un état indépendant, en intégrant la Fédération palestinienne de football dès 1998. Une décision qui n’a pas été sans répercussions sur le terrain, une grande partie des territoires palestiniens étant dépendants de l’administration israélienne. Les restrictions de circulation imposées aux Palestiniens se répercutent sur les joueurs, souvent empêchés de déplacement aussi bien au niveau local qu’international. Pourtant, de nombreux jeunes palestiniens pratiquent ce sport dès leur plus jeune âge.  L’exposition nous dévoile le maillot de Honey Talijeh, fondatrice de la première équipe féminine palestinienne et première capitaine femme. Mais aussi une série de la photographe française Amélie Debray intitulée « surface de réparation », qui documente les difficultés quotidiennes de la jeunesse palestinienne à pratiquer ce sport en raison de l’omniprésence du mur et du manque d’infrastructures. Un reportage photographique émouvant qui montre la résilience de ces jeunes continuant de jouer, malgré tout.

Honey Talijeh, fondatrice de la première équipe féminine palestinienne © FIFA

 

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Publié le 17 April 2019

#Algérie

#Jordanie