Tech & Business
08.08.2019
Le déssalement, l’avenir de la gestion de l’eau ?

Les unités de désalinisation sont aujourd’hui près de 16000 à travers le monde. Pour certains, c’est une réponse aux enjeux de sécheresse auxquelles de nombreuses régions doivent faire face. Pour d’autres, elles représentent un danger environnemental. Avec l’essentiel (60 %) des installations situées dans des pays méditerrannéens, KAWA a jugé bon de se pencher sur une technologie qui pourrait, en la perfectionnant, aider bon nombre de populations.
L’eau de mer représente 97 % de la réserve totale d’eau sur Terre, tandis que la majorité de la population est concentrée sur les littoraux. Ainsi, dans les régions du monde les plus arides, on fait de plus en plus le choix de dessaler l’eau de mer pour répondre aux besoins en eau douce. Cette opération consiste à retirer le sel de l’eau salée par différentes techniques, de façon à la rendre propre à la consommation et aux usages agricoles.
Tout revers a sa médaille
Le problème, c’est que cette technique ne serait pas sans son impact environnemental. En effet, pour chaque litre d’eau douce produit, un litre et demi de saumure -solution aqueuse d’un sel, saturée ou de forte concentration- serait rejeté dans la nature. Un dilemme rencontré par toutes les unités de désalinisation du monde, qui doivent également répondre à un enjeu énergétique. De fait, elles peuvent fonctionner avec des énergies renouvelables, mais sont, le plus souvent, alimentées par l’électrique ou le nucléaire, il y a donc des progrès à faire de ce côté-là également.

Des pays comme les Emirats arabes unis sont extrêmement arides et ont recours à l’utilisation d’eau déssalée
Et des progrès, les chercheurs en font, notamment en Arabie saoudite, où l’Université de Science et de Technologie du Roi Abdullah (KAUST) a récemment mis au point une technologie permettant d’exploiter au mieux la capacité de production énergétique des panneaux solaires.
Réduire la consommation énergétique
Explications : aujourd’hui, selon le Dr. Peng Wang, chercheur à la KAUST, “les panneaux photovoltaïques font face à un gros problème de gâchis de chaleur”. De fait, des panneaux quelconques absorbent plus de 90 % des rayons du soleil mais n’en transforment que 10 à 20 % en électricité. La machine mise au point par les chercheurs de l’université parviendrait à “utiliser cet excédent de chaleur pour la production d’eau claire, à partir de l’eau salée de la mer ou de l’eau contaminée des sols, rendant ainsi le processus plus durable, car plus efficient énergétiquement”. Au fond, elle permet de s’affranchir davantage de l’utilisation d’énergies fossiles, en rendant plus viable l’utilisation des panneaux solaires.
Une technologie encore imparfaite
Aujourd’hui, le défi – hors celui des rejets de saumure, déjà considérable – devient donc de parvenir à mettre à l’échelle cette technologie afin d’en faire profiter le plus grand nombre, et en particulier les populations isolées. Pour ce faire, les chercheurs espèrent pouvoir compter sur les investissements de compagnies privées ainsi que du gouvernement saoudien, qui les a déjà contactés par le biais d’un département du ministère de l’énergie. Le Dr Wang a déclaré qu’il espérait être en mesure de présenter un prototype pilote échellonable au monde d’ici à l’année prochaine.
Rappelons que, selon les données des Nations Unies, l’Arabie Saoudite demeure un des pays les plus pauvres de la planète en termes de ressources d’eau par habitant, avec une demande en eau promettant d’augmenter de 40 % d’ici 2030. En outre, d’après le World Resources Institue, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient figurent parmi les régions les plus exposées aux risques de pénurie d’eau, de sécheresse et d’inondations fluviales. La région du Golfe pourrait donc grandement bénéficier de ce type d’avancées technologiques.
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