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Société

03.04.2023

Ces danseurs syriens qui virevoltent vers le divin

Au cours de cette période sacrée, les derviches syriens se réunissent pour pratiquer leur ancienne forme de culte, la danse soufie pratiquée par les “danseurs tournants.”

Les chambres faiblement éclairées de la mosquée Tekkiye Suleimaniya, datant du XVe siècle, s’emplissent du bourdonnement des chants soufis tandis que les derviches se préparent à leur rituel nocturne. Vêtus de robes blanches fluides et de grands chapeaux coniques, les danseurs forment un cercle au centre de la pièce. L’atmosphère de la pièce est chargée d’impatience, mais les visages des derviches ne trahissent aucune nervosité. Leurs yeux sont fermés en guise de méditation, leurs mains croisées devant eux et leur expression sereine.

Alors que les mélodies lancinantes du ney, une flûte traditionnelle du Moyen-Orient, emplissent la pièce, les derviches commencent à se mouvoir. Lentement d’abord, ils étendent les bras, une paume tournée vers le ciel et l’autre vers la terre. À chaque pas et à chaque tour, ils prennent de la vitesse, leurs robes se gonflant comme des voiles dans une brise légère. La danse devient un tourbillon de mouvements, les derviches tournoyant avec une intensité croissante.

Pour ces soufis, le mouvement tourbillonnant évoque l’unité de l’univers, ainsi que le voyage de l’âme vers la vérité divine. La danse est exécutée dans l’espoir de transcender l’existence terrestre et d’atteindre un état supérieur de conscience spirituelle.

Muayad al-Kharrat, danseur soufi syrien, affirme que cette tradition est héritée de plusieurs générations au sein de sa famille. Muayad a commencé à apprendre la danse dès l’enfance, et pour lui, c’est une forme de culte religieux. “Tourbillonner n’est qu’une façon d’atteindre Dieu”, explique-t-il à l’AFP.

Une tradition soufie

Les derviches soufis, adeptes d’une branche mystique de l’islam, pratiquent cette danse depuis des siècles. Elle a été fondée par le poète et philosophe persan du XIIIe siècle, Jalal ad-Din Muhammad Rumi, qui s’est inspiré du tournoiement rythmique des corps célestes. La danse est devenue une manifestation physique de la quête spirituelle des soufis pour l’amour et la sagesse divins.

Pendant le ramadan, les derviches tourneurs de Syrie partagent leur dévotion avec les visiteurs qui affluent pour assister à la danse religieuse. Le spectacle, appelé “sema”, est ouvert au public.

 

 

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Alors que les dernières notes du ney s’estompent, les derviches ralentissent progressivement leur rotation, les bras de nouveau tendus. La salle est alors silencieuse, à peine si l’on entend les respirations profondes et méditatives. Les danseurs ont bouclé leur périple, mais le sentiment de paix et de recueillement demeure, s’attardant dans le cœur de tous ceux qui ont assisté au spectacle.

Succès international

La danse des derviches tourneurs n’a pas seulement perduré en Syrie, elle a également trouvé sa place dans le cœur de populations en dehors du Levant. De Paris à New York, des troupes de derviches originaires de Syrie présentent leur passion pour la danse soufie, permettant ainsi au public d’avoir un aperçu de cette pratique spirituelle. L’ensemble al-Kindi, originaire d’Alep, en Syrie, s’est en effet rendu à Paris le 23 mars 2023 pour y présenter cette forme d’art spirituel aux habitants de la capitale française, au Café de la Danse.

 

 

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Publié le 3 April 2023

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