This website requires JavaScript.

Partager

Histoire & Patrimoine

17.07.2020

Entre passé et présent dans les ruines de Babylone

L’ancienne ville de Babylone, qui abrite les célèbres Jardins suspendus de la ville, l’une des sept merveilles anciennes du monde, a reçu encore plus d’attention ces derniers temps. Les ruines du site, qui remontent à plus de 2 600 ans, ont été inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet 2019. Elles sont devenues un pèlerinage régulier pour les étudiants et autres visiteurs désireux d’explorer le site antique et de repousser les limites de ce qui est considéré par certains comme un territoire interdit.

Les ruines, qui se trouvent à 85 km de Bagdad, sont une destination populaire pour les jeunes, qui sont connus pour se cacher parmi les ruines pour un bref répit loin des yeux de leurs aînés. Elles abritent également un site qui était autrefois inaccessible au grand public : le palais d’été de l’ancien dirigeant irakien, Saddam Hussein, qui a été construit comme une réplique de l’un des anciens palais babyloniens.

 

(MEE/Tom Westcott)

 

Malgré la présence du palais de Hussein, les spécimens et constructions archéologiques environnants racontent une histoire beaucoup plus complexe. Les ruines, qui comprennent les vestiges d’anciens murs, portes, palais et temples, témoignent des nombreuses civilisations qui ont fait de ce lieu leur siège de pouvoir, comme l’empire néo-babylonien. Des souverains célèbres tels que Nabuchodonosor, de renommée biblique, et Hammourabi, le souverain traditionnellement cité comme ayant créé le premier ensemble de lois écrites de l’histoire, ont tous deux régné depuis ce légendaire bastion.

Il s’agit d’un lieu tout en paradoxe, où le passé devient prologue : les attentes compliquées de la société et la lutte entre l’indépendance des jeunes et les méthodes traditionnelles de la société irakienne moderne jouent également un rôle important dans le déchiffrage des forces en jeu dans cette ville ancienne. Les jeunes amoureux y sont connus pour se faufiler et utiliser les anciennes rivières et les jardins comme un lieu pour échapper à l’attentions des Irakiens les plus conservateurs et partager un moment ensemble, seuls.

 

Un lieu de contrastes

Réplique de la porte de l’ishtar à l’ancien site archéologique de babylone

 

Les ruines sont une série de dynamiques complexes : l’ordinaire rencontre l’élite, le nouveau croise l’ancien, le libre côtoie le guindé, et le passé renoue avec le présent. Néanmoins, le site reste assez vide, malgré son importance historique. Le palais lui-même a été reconstruit par Hussein pour refléter la gloire de l’Irak, et la sienne au passage. Si le palais de Saddam était une reconstruction de l’un des trois anciens palais babyloniens, il a également été jugé terriblement inexact par les historiens lors de sa reconstruction en 1987.

Le site a depuis subi d’autres dommages, depuis l’invasion américaine de l’Irak dans les années 2000, où les anciennes ruines ont servi de base aux forces américaines et polonaises. En outre, il n’existe pas de plan global et complet sur la manière de restaurer et de conserver la zone tentaculaire du site, bien que les gouvernements fédéral et régional aient réussi à trouver des fonds pour le faire. Certains éléments physiques du site sont également d’une authenticité douteuse ; par exemple, Hussein a ajouté des reliefs en pierre de lui-même, placés parmi les slogans nationaux, sur les murs de Babylone, mais n’est pas Hammurabi qui veut.

 

Les défis à venir

Le gouvernement irakien nourrit de grands espoirs pour le site et a élaboré des plans encore plus ambitieux pour attirer l’attention des visiteurs internationaux. Le palais, dont une partie est encore inaccessible au grand public, est appelé à devenir un centre culturel sur le site antique. Mais les défis sont réels, et parfois, au premier plan. Le pays a encore du chemin à parcourir pour montrer au monde qu’il est prêt à accepter des touristes à grande échelle, un travail à réaliser notamment sur les infrastructures, les visas et la perception du pays.

La poursuite des efforts archéologiques visant à mettre en évidence l’importance historique, culturelle et sociétale du site ne fera que renforcer sa réputation. S’il est difficile de dire si et même quand ces ruines accueilleront des amoureux de l’extérieur, pour le moment, la jeunesse irakienne ordinaire peut s’échapper à l’ombre des empereurs, en se glissant dans des espaces interdits autrefois réservés à l’élite du pays, pour partager un moment ordinaire ensemble dans un lieu extraordinaire.

 

À lire aussi

L’Institut du Monde Arabe rouvre ses portes aujourd’hui

Publié le 17 July 2020

#Irak