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Société

18.09.2020

Mishka, une marque d’accessoires et de bijoux faits main par des femmes du centre historique au Caire

Participer au développement social et local à travers des accessoires et des bijoux est la mission que remplit Mishka, une marque égyptienne qui travaille avec les femmes du quartier pauvre de la “cité des morts” au Caire. Rencontre avec Agnieszka Dobrowolska, architecte à Archinos et responsable du projet.

Créée dans le cadre d’un projet plus vaste mené par ARCHiNOS, une société égyptienne de préservation architecturale, au sein du quartier de Sultan Qaitbay dans la “Cité des morts” au Caire, Mishka est un projet financé par l’UE qui combine préservation des monuments historiques, promotion des arts et de la culture avec développement social.

Avec son organisation sœur à but non lucratif, la Fondation Sultan, Archinos travaille depuis 2018 avec les femmes locales du Caire pour développer leurs compétences en matière de production de bijoux et d’accessoires, fabriqués à partir de matériaux et de motifs typiques du quartier du Sultan Qatbay. Et la marque connaît déjà un grand succès auprès de nombreux clients issus des classes supérieures et moyennes d’Egypte ainsi que d’une clientèle internationale.

 

Quelle est l’idée derrière Mishka ?

Nous avons longuement écouté les histoires des femmes du quartier pauvre de la cité des morts et il est apparu qu’elles avaient besoin d’une sorte de revenu, mais qu’elles cherchaient aussi un travail intéressant, créatif tout en restant dans le quartier. C’est ainsi qu’est née l’idée de les former sur place à la création de bijoux et d’accessoires en cuir. J’ai reçu l’aide d’un célèbre créateur de cuir de Londres, Bill Amberg, qui est venu au Caire pour former le premier groupe de femmes à l’artisanat du cuir fait à la main. Cette rencontre a été un succès et nous avons décidé de l’appeler MISHKA, ce qui signifie lanterne en arabe, car elle apporte de la lumière et une nouvelle vie à ces femmes de la région de Qaitbay. Comme nous recherchons aussi là pérenniser ces revenus pour les femmes que nous formons, nous avons fait pression pour que MISHKA devienne une marque à part entière et l’introduire sur le marché égyptien. En cours de route, nous avons reçu l’aide de donateurs, d’abord de la fondation Alfanar, puis de la fondation Drosos. Cela nous a permis de nous développer, d’avoir un plan d’affaires adapté, d’avoir de nouvelles idées, de nouveaux designs, de nouveaux matériaux, et ainsi de suite.

 

Comment avez-vous réussi à convaincre ces femmes de la “cité des morts” de rejoindre l’aventure ?

Une fois l’initiative lancée, le bouche à oreille s’est répandu et ce sont elles qui sont venues nous voir. Nous avons même maintenant une liste d’attente de femmes qui veulent être formées et rejoindre l’initiative. Ces dernières viennent de tous les horizons : des filles de gardiens de tombes qui sont nées là-bas, aux femmes qui ont fait des études universitaires. Nous organisons des sessions de formation de six semaines aux différentes techniques de production et plus tard, lorsqu’elles sont au stade de la fabrication, nous effectuons un contrôle de qualité très minutieux. Après la formation initiale et une période d’essais et d’erreurs, les produits ont finalement gagné un groupe raisonnable de fans et d’acheteurs, principalement en dehors de l’Égypte.

 

Quel est le processus de fabrication ?

Au départ, nous suivions minutieusement les dessins de Bills. Ensuite, nous avons essayé un certain nombre de designers locaux, mais sans succès. Lorsque notre directrice de production, Heba al-Nagga, nous a rejoint, elle a conçu nos premières pièces de joaillerie et nous avons lancé la ligne de bijoux. Finalement, j’ai commencé à concevoir moi-même des pièces en me basant sur ma formation d’architecte et mon expérience dans le domaine du graphisme, de l’architecture, de la décoration intérieure et de la muséographie. Je suis également assistée par Heba qui est très douée pour le travail manuel, et Eslam Bin Na’eb d’ARCHiNOS, qui a un grand sens de la géométrie islamique. Mais nous sommes en constante expansion et nous effectuons de nombreuses collaborations avec divers artistes. Nous recherchons tout le temps de nouveaux matériaux et nouvelles idées. Mais ce qui guide notre inspiration est toujours ce côté contemporain, élégant et minimal de nos créations, tout en restant fidèle au passé.

 

Votre dernière collection “Four Elements” s’inspire de l’architecture mamelouke. Pourquoi un tel choix ?

La splendide architecture mamelouke du complexe du sultan Qaitbay, est non seulement une partie intégrante de notre quartier, mais aussi l’un des monuments mondialement connus du Caire médiéval. Les motifs géométriques et floraux, les formes architecturales de la madrasa de Qaitbay, du mausolée d’al-Gulshani et d’autres mausolées de la “Cité des morts” offrent des combinaisons et des formes complexes infinies tout en étant proportionnés et simples. De plus, ces édifices jouent avec la lumière et l’ombre, utilisent l’eau, assurent la ventilation et sont solidement ancrés ici. C’est pourquoi nous avons intitulé notre dernière collection Quatre éléments, en hommage aux motifs de quatre mausolées différents de la “Cité des morts”, dont celui de Qaitbay, et représentant l’air, l’eau, le feu et la terre.

 

Quels types de matériaux utilisez-vous ?

Tous les matériaux naturels et authentiques présents dans l’architecture mamelouke du quartier, ainsi que ceux utilisés par les artisans traditionnels qui vivent et travaillent dans la région. Nous utilisons du laiton et du cuivre, de l’argent sterling, nous plaquons certaines pièces en argent et en or. Nous utilisons du cuir et du bois, et depuis peu, nous jouons avec les mosaïques et le verre soufflé à la main du quartier, ainsi qu’avec la pierre.

 

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