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Histoire & Patrimoine

10.03.2023

Pourquoi le monde arabe est-il associé à la danse du ventre ?

Des films de James Bond aux télénovelas, il est rare de déceler une représentation du monde arabe dénuée de danseuses du ventre.

Le monde arabe n’est est en rien exempté de l’exotisme. Des fables des Mille et une nuits aux superproductions hollywoodiennes, il a souvent été dépeint comme une terre de mystère, de danger et de sensualité, peuplée dans l’imaginaire collectif de personnages exotiques comme des cheikhs et des odalisques de harem. Ces tropes exotiques ont profondément imprégné les perceptions occidentales de la région. L’un des symboles les plus tenaces de la perception occidentale de la culture arabe est la danse orientale, ou la danse du ventre. Mais comment a-t-elle évolué pour devenir si symbolique du monde arabe ?

Les ghawazi, danseuses tziganes d’Égypte

Les racines de la danse du ventre remontent aux ghawazi, un groupe de danseurs itinérant dont l’origine remonte à l’Égypte du XVIIIe siècle qui étaient des tziganes. Les ghawazi, qui attiraient un public de plus en plus nombreux, ont été bannis du Caire dans les années 1830 par le roi du pays Muhammad Ali Pacha, et on dû s’installer dans la région de Sa’eed, ou l’Haute-Égypte, où ils ont proliféré à l’abri de la répression étatique.

La marque indélébile de l’orientalisme

Les origines de la pratique et la manière dont elle est devenue populaire et associée au monde arabe sont liées au courant de l’orientalisme. Lors d’une escapade en Afrique du Nord en 1832, le peintre français Eugène Delacroix a été frappé par la beauté des danseuses, contrastant avec ce qu’il considérait comme l’état pitoyable de la mode féminine européenne.

Plus tard, les voyageurs européens au monde arabe, tels qu’Edward Lane et Gustave Flaubert, ont beaucoup écrit sur les danseuses qu’ils ont vues. Le terme français “danse du ventre” est apparu pour la première fois dans une critique du tableau orientaliste de Jean-Léon Gérôme représentant une danseuse arabe, La danse de l’Almée, peint en 1864. “Almée” est un mot dérivé de la forme singulière du mot “Awalim” en arabe, qui signifie vaguement “femmes de spectacle”.

 

La danse de l’Almée, 1863

La popularité de la danse du ventre est montée en flèche en Occident lors de l’exposition universelle de Chicago en 1893, au cours de laquelle des danseuses syriennes ont présenté cette forme d’art au public américain et ont fait sensation. Ceci dit, elle a été introduite pour la première fois aux États-Unis en 1876 à Philadelphie, mais n’a pas réussi à percer avant l’exposition universelle de Chicago.

Une signature culturelle, malgré quelques remous

Depuis lors, la danse du ventre a évolué pour s’adapter aux besoins de divertissement de l’ère moderne, avec l’apparition de nouveaux styles et de nouvelles variations au fil du temps. En dépit des efforts consentis par des courants religieux conservateurs pour la prohiber au cours du XXe siècle notamment, elle continue de jouir d’une popularité dans le monde arabe, ou elle est généralement réalisée dans le cadre de nombreuses cérémonies de mariage. De nos jours, elle est appréciée à la fois comme une forme d’art professionnel et comme un passe-temps, connu sous le nom de Raqs Sharqi dans le monde arabe, signifiant “danse orientale”. 

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Publié le 10 March 2023

#Egypte

#monde arabe