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Lifestyle

14.07.2021

Après la pandémie, retour sur la situation du cinéma arabe indépendant

Début 2020, Metropolis Beyrouth, l’un des cinémas indépendants les plus emblématiques du Moyen-Orient, a dû fermer ses portes après 14 ans d’existence. Un coup dur pour l’industrie du cinéma indépendant arabe de la région.

En 2006, il n’existait aucun cinéma consacré aux films d’art et d’essai internationaux, locaux, ou libanais au Moyen-Orient. Les films indépendants n’arrivaient jamais sur les écrans commerciaux et n’étaient projetés qu’occasionnellement lors de festivals tels que Ayyam Beirut al Cinema’iya ou le Festival du film européen. C’est dans ce contexte que l’association Metropolis Beirut a été créée, afin de soutenir, promouvoir et diffuser les films indépendants au Liban. Treize ans après, la révolution libanaise et des raisons économiques ont obligé l’association à fermer sa salle et à suspendre ses activités en réponse à l’appel à la grève générale. Un coup dur pour l’industrie du cinéma indépendant arabe. Heureusement, depuis le 18 juin et jusqu’au 31 juillet, l’iconique cinéma libanais revient à la vie avec la 16e édition du festival international du film documentaire, Écrans du réel. Un événement organisé par l’association Metropolis Cinema en partenariat avec l’Institut français du Liban, avec le soutien de la GIZ Civil Peace Service, et en collaboration avec Ishbilia Theatre & Art-Hub, Beirut Art Center, Action4Hope, Al Fundok et Hammana Artist House. Retour sur cette année cinématographique mouvementée avec Hania Mroué, fondatrice et directrice du Metropolis Beirut Cinéma.

Qu’avez-vous fait depuis que vous avez fermé les portes de votre salle de projection à Sofil au début de l’année dernière ?

La perte de la salle dans laquelle nous nous programmons depuis dix ans a été très difficile, mais nous a poussés à repenser nos priorités et notre structure. Pendant la pandémie, nous nous sommes concentrés sur le travail administratif qui pouvait être effectué à distance ainsi que sur nos activités en ligne comme la création de Cinémathèque Beyrouth, une base de données regroupant tous les films libanais. Nous avons recommencé à programmer dès décembre 2020, à travers des tentatives de partenariats avec diverses institutions & salles du pays pour proposer un format plus nomade. Au premier trimestre 2021, nous nous sommes concentrés sur notre projet de films du patrimoine en lançant la base de données bilingue en ligne et en programmant une série en ligne de films du patrimoine axée sur les femmes rebelles dans le cinéma libanais, en partenariat avec la plateforme de streaming Aflamuna.

Quels ont été les effets de la pandémie sur l’industrie du cinéma indépendant arabe, et comment cette dernière a-t-elle réussi à survivre ?

La pandémie a entraîné la fermeture de salles de cinéma et la suspension de nombreux festivals et tournages. Cela a affecté toute la chaîne de distribution des films qui n’avaient ni la possibilité d’être terminés, ni d’être montrés au public lors d’un festival ou de sortir dans un cinéma. Une façon de survivre a été de vendre les droits à des plateformes VOD telles que Netflix et Shahid, qui ont permis de générer des revenus et une circulation alternative des films. Mais c’est une arme à double tranchant, car la vente aux plateformes VOD compromet la sortie future des films dans les salles de cinéma, car le public a déjà eu accès aux films chez lui avant leur sortie, ce qui compromet les recettes du box-office qui sont une source importante de revenus, en particulier pour les films indépendants.

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Comment avez-vous maintenu la relation avec les créateurs et les cinéastes libanais ?

Depuis octobre 2019, l’un de nos principaux changements de priorités a été d’axer notre programmation sur les films libanais et arabes comme un moyen de soutenir (notamment financièrement en payant les frais de projection) les cinéastes et les producteurs qui ont beaucoup perdu pendant la pandémie et après l’explosion. C’est aussi une façon d’offrir la possibilité de montrer leurs films dans de bonnes conditions techniques en valorisant le travail qu’ils ont accompli.

Comment votre association a-t-elle réussi à renaître de ses cendres ?

Si notre salle a été fermée, le travail de l’association ne s’est jamais arrêté. Nous nous sommes simplement concentrés sur des activités moins publiques comme la restructuration interne. Dès que nous avons pu reprogrammer, nous l’avons fait pour voir si le public était toujours là et nous avons découvert que le désir d’aller au cinéma était toujours aussi forte.

Depuis juin, vous êtes de retour sur les écrans avec la 16ème édition du festival documentaire Écrans du réel ? Pourquoi avoir choisi ce festival en particulier pour faire votre retour?

La 16e édition des Écrans du Reel devait avoir lieu au printemps 2020 mais a été annulée en raison du premier verrouillage. Il était évident pour nous que lorsque nous voudrions revenir avec une programmation plus régulière, nous commencerions par ce festival car nous pensons que les films documentaires permettent d’ouvrir des discussions urgentes et pertinentes, en invitant les gens à converser et à se rencontrer autour d’un film. Cette rencontre entre le film et le public est au cœur de la mission de Metropolis.

Pouvez-vous présenter la programmation de cette année ?

Le programme de cette année est axé sur les films qui proposent divers modes de résistance. Qu’il s’agisse de résistance politique, environnementale, sociale ou culturelle, les films de ce programme nous montrent le courage de ceux qui croient encore au pouvoir de changer les choses dans un monde qui s’effondre.

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