Arts & Culture
07.02.2024
Les frères Rahbani : Le duo derrière Fairuz et l’âge d’or de la musique au Liban
Les frères Rahbani, en collaboration avec Fairouz, ont doté le Liban d’un attrait culturel et d’un rayonnement inégalés. Voici comment cette histoire s’est déroulée.
Des débuts difficiles
Les frères Rahbani, Assi et Mansour, sont nés dans un milieu orienté vers la musique grâce à la maîtrise du buzuk par leur père. Leurs années de formation ont été enveloppées par les sons et les rythmes pastoraux de la vie villageoise à Antelias, dans le district de Metn au Liban, entourés de toutes sortes d’arts folkloriques tels que l’art du zajal. Cette éducation leur a inculqué une affinité pour la musique et la poésie, préparant ainsi le terrain pour leurs futurs projets.
Plus tard, les frères Rahbani ont commencé à recevoir une éducation musicale quelque peu formelle sous la tutelle d’une association cléricale de jeunes gens dans une église locale de leur village natal du Mont-Liban. Les activités musicales de Mansour et d’Assi ont commencé à augmenter petit à petit, jouant dans des pièces de théâtre, des chœurs dans les théâtres de leur région. Mais les frères ont dû assumer d’autres emplois pour permettre à leur famille de joindre les deux bouts. À Beyrouth, les frères ont travaillé comme policiers, mais sont finalement devenus papetiers pour une chaîne de radio basée à Beyrouth. Ils y ont rencontré Halim El Roumi, éminente figure de la musique libanaise, à qui ils ont proposé leurs propres créations.
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Halim El Roumi, qui dirigeait alors la station de radio libanaise, avait déjà rencontré la jeune Nouhad Haddad, plus connue sous le nom de Fairuz, et l’avait prise sous sa tutelle. Peu après, Fairuz a été présentée par Halim El Roumi aux frères Rahbani. Cette rencontre entre Fairuz et les deux frères, et en particulier Assi Rahbani, allait ouvrir la voie au mouvement artistique le plus marquant de la musique libanaise, puisque les deux se marièrent en 1951.
Une remarquable collaboration
La star montante et les frères Rahbani continuent à collaborer, et ces derniers, en particulier Assi, commencent à composer des chansons pour Fairuz. Ces chansons sont de plus en plus populaires non seulement au Liban, mais aussi dans l’ensemble du monde arabe. Fairuz a donné son premier long concert au festival de Baalbeck en 1957. Ce festival cimente son image et celle des frères Rahbani en tant qu’icônes de la musique libanaise, car l’apparition du trio au festival deviendra très récurrente. L’importance de leur présence à ce festival est également due à l’importance que lui accorde le gouvernement libanais. Créé en 1955 par le président Camille Chamoun, le festival de Baalbeck avait pour objectif principal de cimenter et de promouvoir la culture libanaise au Liban et à l’étranger.
Les frères Rahbani sont issus d’un milieu rural, très imprégné du folklore rural du pays. Ils ont donc produit de la musique en dialecte libanais, à une époque où l’on préférait entendre ou produire de la musique traditionnelle en arabe classique. Mais les frères Rahbani ont ajouté leur marque en incorporant des instruments de musique occidentaux aux instruments arabes traditionnels utilisés pour les spectacles et la musique folkloriques. Bientôt, les frères Rahbani, avec Fairuz comme principale interprète, ont commencé à produire des chansons plus populaires et romantiques, qui ont permis l’exportation de leurs œuvres, de la voix de Fairuz, de la musique et du dialecte libanais dans tous les autres pays arabes, ainsi qu’en Europe et aux Amériques, où réside une importante diaspora libanaise historique. Leur musique évoque souvent des sentiments de nostalgie et de quête, un sentiment encore évoqué aujourd’hui par les Arabes qui continuent d’explorer leur musique.
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La collaboration dorée a été interrompue lorsque Assi Rahbani a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 1972 et est resté dans un état végétatif jusqu’à sa mort, 14 ans plus tard. 3 ans après l’attaque cérébrale d’Assi, la guerre civile a éclaté dans le pays, freinant la scène artistique au pays. Pendant cette période de crise, les succès de Fairuz et des frères Rahbani, axés sur le folklore, se sont révélés être un symbole d’unité culturelle à une époque où les divisions sociétales étaient à leur comble. À la même époque, le fils de Fairuz et d’Assi, Ziad Rahbani, devient lui aussi une figure montante de la musique libanaise.
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