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Lifestyle

03.03.2023

Le dernier chapelier de Hrajel perpétue un artisanat phénicien dans la montagne libanaise

Blotti dans les montagnes accidentées du Liban se trouve le village de Hrajel. C’est là, au milieu des sommets enneigés, que vit Youssef Akiki, maître dans l’art ancien de la fabrication de bonnets traditionnels en laine, appelés “labbadeh”, qui étaient autrefois largement portés pour se protéger du froid hivernal des montagnes du pays du cèdre.

Akiki est un véritable adepte de l’artisanat ancestral qu’il pratique. Il a passé sa vie à perfectionner son art et représente aujourd’hui l’un des derniers fabricants commerciaux de ce couvre-chef traditionnel. Si les anciens du village fabriquent encore leurs propres labbadehs, Akiki estime que les siens sont les seuls disponibles à la vente, et il est très fier de préserver ces techniques séculaires.

Une confection minutieuse

La fabrication d’un labbadeh est un processus méticuleux qui exige de la patience, de l’habileté et de l’attention aux détails. Tout commence par le séchage de la laine du mouton au soleil. Une fois la laine sèche, le fabricant la moule avec ses mains en utilisant de l’eau et du savon d’Alep, fabriqué à partir d’huile d’olive et d’extraits de feuilles de laurier. Cela permet à la laine de rétrécir et de devenir malléable.

Pendant qu’il travaille, les mains d’Akiki révèlent la rugosité des années passées à affiner son art. Il crée chaque casquette avec grand soin, prenant son temps pour s’assurer que chaque maille est réalisée à la perfection. La fabrication d’un seul labbadeh prend une journée, parfois plus, et il ne peut en produire que trois au maximum par jour.

 

Un marché en péril

Très peu de personnes portent le labbadeh pourtant très pratique. De nos jours, ceux qui les achètent sont principalement des touristes ou des Libanais qui souhaitent retrouver un morceau de leur enfance. Beaucoup s’en procurent pour les exposer chez eux plutôt que pour les porter, et le manque de demande a durement pesé sur le métier. Le chapelier déplore le fait que l’État ne fasse pas plus pour soutenir les artisans locaux comme lui. “L’État devrait nous garantir des marchés et des lieux d’exposition”, a-t-il expliqué à l’AFP. Les revenus qu’il tire du commerce de chapeaux ne lui permettent d’ailleurs pas de survivre, lui qui exerce également le métier d’agriculteur pour joindre les deux bouts, d’autant plus que la crise économique a frappé le Liban ces dernières années.

 

Un savoir-faire séculaire

L’artisan estime que le design du labbadeh trouve ses racines dans les chapeaux portés par les anciens Phéniciens, même si leur style était plus allongé. Afin d’attirer davantage de clients, il expérimente des modèles plus modernes. Déterminé à préserver le savoir-faire pour les générations futures, il forme également ses neveux à l’art de la fabrication de ces chapeaux traditionnels.

 

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Publié le 3 March 2023

#Liban