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Histoire & Patrimoine

30.06.2023

Sainte Olive de Palerme : Quand l’islam et le christianisme se côtoient en Tunisie

En Tunisie, la mosquée Zitouna constitue le fleuron de l’érudition islamique et figure parmi les principaux centres de savoir malékite de tout le monde islamique. Cependant, cet édifice recèle un secret, où cohabitent l’islam et le christianisme.

Tout est dans le nom

Le mot Zitouna signifie Olive en arabe, et le nom à lui seul fait subtilement allusion au lien sous-jacent entre la mosquée et la religion chrétienne. Avant sa construction, le site de la mosquée Zitouna abritait une chapelle dédiée à Olive de Palerme, la sainte patronne de la Sicile, qui était également adulée à Tunis à l’époque byzantine.

 

La tragique histoire d’Olive

Olive, réputée pour sa beauté exquise, était la fille d’un aristocrate sicilien. À l’âge de treize ans, elle est victime d’un rapt par les Vandales, une tribu germanique qui régnait sur l’Ifriqiya, qui correspond à peu près à la Tunisie actuelle, et se retrouve asservie à Tunis. Ses ravisseurs lui accordèrent le privilège de vivre en ermite dans une grotte isolée au lieu de la garder en captivité. Les légendes racontent qu’elle se mit à accomplir des actes miraculeux et à propager avec ferveur les préceptes de sa foi, ce qui lui valut d’être emprisonnée et soumise à d’indicibles tourments, puisqu’elle suivait une confession chrétienne qui déplaisait aux Vandales, qui étaient ariens et en désaccord avec les chrétiens nicéens. Condamnée à périr sur le bûcher, les flammes ont étonnamment reculé, selon la légende, refusant de la consumer, obligeant ses bourreaux à recourir à la décapitation.

 

Icône d’Olive de Palerme

Tunis, sa dernière demeure

Après sa mort, Olive est devenue une martyre pour les chrétiens et fait l’objet d’un culte, tant en Sicile qu’à Tunis. Dans la foulée de l’islamisation de la ville, une nouvelle mosquée a été édifiée sur le site de son sanctuaire, portant son nom traduit en arabe, la langue des nouveaux souverains de Tunis.

Le mystère qui entoure la sainte s’intensifie à mesure que l’on se penche sur les croyances locales liées à ses reliques. Sa dépouille reposerait dans l’enceinte de la mosquée Zitouna. Selon les récits historiques, même des siècles après l’avènement de l’islam, des superstitions profondément enracinées prévalaient, annonçant des conséquences désastreuses si quelqu’un osait déranger ou déplacer sa dépouille. Dans la Tunisie islamique du Moyen-âge, certains prétendaient que la récupération de ces reliques ne présageait rien d’autre que la dissolution de l’islam lui-même.

En 1402, le roi Martin Ier de Sicile, reconnaissant les précieux trésors que représentaient les reliques de sainte Olive pour la religion catholique en Italie, s’est empressé de demander leur rapatriement. Cependant, le sultan hafside de la Tunisie, Abou Faris al Mutawakkil, a résolument rejeté la requête du roi de Sicile, conservant ses restes entre les murs solennels de la mosquée.

Publié le 30 June 2023

#Tunisie